Le faux suspense se terminera le 14 novembre. François Legault déposera alors le plan d'action de la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) et devrait lancer officiellement un parti politique. « Le 14 novembre, on va annoncer si oui ou non, on crée un parti politique», a-t-il affirmé jeudi soir à Québec, où se déroulait la dernière des 17 assemblées de sa tournée régionale de six semaines. Un total d'environ 5000 personnes y auront participé.

La CAQ se dissoudra à la mi-novembre, a confirmé son cofondateur, l'entrepreneur Charles Sirois, qui quant à lui ne se portera pas candidat aux prochaines élections. Le nouveau parti pourrait ne pas se nommer CAQ, nous indique-t-on.

M. Legault a répété qu'il ne prépare pas présentement une alliance avec l'ADQ. «C'est certain qu'il y a des militants des deux groupes qui se parlent, mais moi, je n'ai pas de négociations avec l'ADQ», a-t-il affirmé.

Parmi la foule hétérogène de quelque 350 personnes jeudi soir au centre Durocher: quelques élus municipaux et une poignée d'ex-candidats ou ex-députés libéraux, adéquistes, péquistes et conservateurs (dont Claude Roy et Jean-Guy Lemieux). Il y avait aussi les députés indépendants Éric Caire et Marc Picard, assis au milieu de la salle, qui attendent l'appel de M. Legault

MM. Legault et Sirois ont rappelé la raison d'être de la CAQ: mettre entre parenthèses la question constitutionnelle pour s'attaquer à des problèmes jugés plus pressants, avec une approche nationaliste. M. Legault a déjà dit vouloir mettre le dossier constitutionnel entre parenthèses pendant une décennie. Mais hier, M. Sirois a raconté que l'ex-ministre péquiste voulait que ce soit la prochaine génération qui tranche sur cette question.

«Ça fait 40 ans qu'on est divisé au Québec», s'est plaint M. Legault. Et le débat ne se règlera pas bientôt, selon lui. Il juge qu'il n'y aura pas de référendum gagnant «dans un avenir prévisible». Le PQ vivrait «dans le déni».

M. Legault veut réunir les fédéralistes et souverainistes pour «mettre les meilleurs joueurs dans la même équipe» et «rénover la maison du Québec».

Les questions n'étaient pas toujours amicales. Une représentante d'une association d'étudiants en éducation de l'Université Laval a critiqué la hausse de salaire de 20% proposée par la CAQ. Les enseignants ont plutôt besoin de meilleures ressources et de plus petites classes, a-t-elle indiqué. Une autre enseignante d'expérience a répété la même chose.

Une ancienne candidate du PQ, Nicole B. Madore, s'est réjouie que le CAQ veuille abolir les agences de santé. Mais elle se demande comment M. Legault réussira à rouvrir la convention collective des médecins spécialistes pour les forcer à prendre un minimum de 1000 patients. «Quand la population veut quelque chose, il n'y a pas un syndicat qui peut résister», a répondu l'ex-ministre péquiste.

Un homme qui se disait sympathisant a rappelé que M. Sirois avait déjà reçu une subvention controversée d'un Fonds d'intervention économique régional (FIER).

Un autre a demandé pourquoi M. Legault n'a pas implanté toutes ses solutions alors qu'il était ministre au PQ. «S'il y a une leçon que j'ai tirée de mon passage au gouvernement, c'est que les changements qu'on propose doivent tous être initiés dans les 100 premiers jours du gouvernement.» Et il expliquait déjà que pour ce faire, il aurait besoin d'un mandat majoritaire.

Une commission qui assigne les témoins

Le cofondateur de la CAQ croit que le Québec a perdu sa fierté. Pour la regagner et pour revaloriser l'entrepreneuriat, il demande une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction et le financement des partis politiques. «Ce qui se passe dans la construction, c'est rien pour donner une image aux jeunes qui (leur donnera le goût) d'entreprendre».

«On devrait donner à la commissaire Charbonneau le pouvoir d'assigner les témoins qu'elle choisit pour qu'ils viennent nous dire ce qu'ils savent. Laisser cela sur une base volontaire, ça ne donnera pas plus que le rapport Duchesneau», croit-il. Le PQ, l'ADQ et Québec solidaire proposent la même chose.

Dans son plan d'action, la CAQ se limitera à environ 12 propositions. Elles proviendront de ses quatre priorités : éducation, santé, économie et langue-culture. Un autre thème pourrait être ajouté. Aucune proposition ne ferait augmenter les impôts ou la dette, promet la CAQ.