Malgré les admonestations du gouvernement Charest, le Directeur général des élections (DGE) du Québec maintient l'élimination de trois circonscriptions rurales dans sa refonte de la carte électorale.

Le président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, a déposé hier le rapport final du DGE, Jacques Drouin, sur la nouvelle délimitation des circonscriptions.

Le DGE prévoit toujours faire disparaître les circonscriptions de Matane, en Gaspésie, et de Kamouraska-Témiscouata, dans le Bas-Saint-Laurent, ainsi que la fusion de Lotbinière et Frontenac, dans Chaudière-Appalaches. Ce sont des circonscriptions peu densément peuplées. Le DGE en crée trois en périphérie de Montréal, là où il y a eu une forte augmentation de la population. Il veut ainsi corriger un problème de sous-représentation. Notons que quelques changements ont été apportés à la délimitation des circonscriptions comparativement au rapport préliminaire.

Le rapport définitif doit faire l'objet d'un débat de cinq heures à l'Assemblée nationale dans les cinq prochains jours, à la suite duquel le DGE aura dix jours pour fixer une fois pour toutes les limites des circonscriptions.

Mais il y a un hic: il ne pourra aller de l'avant tant que l'Assemblée nationale n'aura pas remplacé l'un des membres de la Commission de la représentation électorale, qui a démissionné l'automne dernier.

Le cabinet du nouveau ministre responsable du dossier, Yvon Vallières, a fait savoir que le gouvernement veut s'entendre «le plus rapidement possible» avec l'opposition sur la nomination d'un commissaire.

Le gouvernement Charest s'est résigné à laisser le DGE mettre en oeuvre sa réforme. Il avait tenté de la court-circuiter en déposant un projet de loi qui prévoyait d'augmenter le nombre de sièges à l'Assemblée nationale afin de conserver les trois circonscriptions menacées. Or, il n'était pas parvenu à obtenir l'appui de l'opposition.

Le gouvernement avait vertement critiqué le DGE en commission parlementaire à l'automne 2010. Dans une sortie d'une rare virulence à l'endroit du DGE, la vice-première ministre, Nathalie Normandeau - qui a démissionné depuis -, avait affirmé que sa réforme était un «cuisant échec».

«C'est au fondement même de notre démocratie que l'on s'attaque», avait-elle déclaré. De son côté, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, s'était carrément estimé «trahi» par le DGE Marcel Blanchet.

Ce dernier a pris sa retraite peu de temps après et a été remplacé par Jacques Drouin.