Si elle fusionnait avec la coalition menée par François Legault, l'ADQ nierait ses principes fondamentaux, croit Jean Charest. «Sur la santé, il faudrait que l'ADQ s'avale tout rond», a lancé le premier ministre, dimanche en point de presse, au terme du congrès annuel de la Commission-Jeunesse de son parti.

La veille, le député indépendant et ex-adéquiste Éric Caire a dit souhaiter la fusion de son ancien parti avec la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) de François Legault. Une telle formation battrait les libéraux aux prochaines élections, selon les plus récents sondages. Sans surprise, M. Charest s'attaque à cette alliance.

Les positions de l'ADQ et de la CAQ sont «irréconciliables», croit le premier ministre. Une fusion forcerait M. Deltell à «nier complètement» ses idéaux, entre autres en matière de santé.

Le mois dernier, le président de la commission politique de l'ADQ, Claude Garcia, a assuré qu'il souhaitait toujours augmenter le rôle du privé en santé. M. Legault ne partage pas cette position. Il défend plutôt le statu quo.

La nation dans la Constitution?

La Constitution et l'identité ont occupé une grande partie des débats de la Commission-Jeunesse cette fin de semaine. Mais M. Charest ne semble pas pressé d'adopter leurs recommandations.

Les jeunes libéraux veulent que le gouvernement améliore sa politique en matière d'interculturalisme. Ils demandent une loi pour définir la laïcité ouverte et créer un Office d'harmonisation interculturelle, comme le suggérait le rapport Bouchard-Taylor.

Dans son discours de 30 minutes adressé aux jeunes libéraux, M. Charest n'en a pratiquement pas parlé. En point de presse, il n'a pas indiqué vouloir adopter ces recommandations. «Les débats pourront se poursuivre à notre congrès l'automne prochain», a-t-il indiqué. L'aile jeunesse détient le tiers des voix au PLQ.

Le premier ministre se défend d'avoir tabletté le rapport Bouchard-Taylor. «On a mis en place environ 80% [des 37 recommandations]», a-t-il lancé.

L'aile jeunesse ne demande pas de rouvrir la Constitution. Mais si le fruit constitutionnel devait finir de mûrir, elle souhaiterait que la nation québécoise y soit reconnue.

M. Charest dit le vouloir aussi. «Ça arrivera un jour, j'en suis convaincu», a-t-il assuré. Mais «pas bientôt», s'est-il empressé de préciser. Il ne sait pas quand.

Selon lui, le contexte actuel ne serait pas propice, comme six élections provinciales se dérouleront l'année prochaine au Canada. Et surtout, il n'existe pas «d'appétit» pour de telles négociations, constate-t-il.

M. Charest ne veut pas prendre le bâton du pèlerin pour changer cela. Il indique simplement que Québec sera prêt à défendre ses positions si une ronde de négociations constitutionnelles devait éventuellement être entamée.

«Notre priorité était, est et sera l'économie», a lancé le premier ministre en anglais. Il s'est amusé à citer l'ancien premier ministre péquiste Bernard Landry, qui a affirmé la semaine dernière que le Québec est «l'endroit en Amérique du Nord, et peut-être en Occident, qui a le mieux résisté à la crise». Par exemple, le taux de chômage du Québec (7,2%) est plus bas que ceux de l'Ontario (7,5%) et des États-Unis (9,1%). «C'est parce que notre gouvernement a pris les bonnes décisions», a soutenu M. Charest.

À la rentrée parlementaire en septembre, il promet aussi de ramener le controversé projet de loi 204, qui vise à protéger légalement l'entente entre la Ville de Québec et Quebecor sur la gestion du nouveau Colisée.