Si ce n'est pas un nouvel épisode de la crise, c'est du moins un nouveau malaise au Parti québécois. Le député Stéphane Bergeron a tenu à assurer mardi qu'il reste loyal à Pauline Marois. Mais il a refusé de répondre aux questions sur le sujet.



Dans un courriel privé cité par Le Devoir, le député de Verchères a récemment déclaré que la crise déclenchée par la démission de cinq de ses collègues avait «sérieusement miné» le «prestige» et la «crédibilité» de Mme Marois pour mener à bien la souveraineté. Il avoue même partager «certaines des récriminations» de Lisette Lapointe, Pierre Curzi, Louise Beaudoin et Jean-Martin Aussant.

Contre le projet de loi 204

M. Bergeron fait partie des nombreux députés péquistes opposés au projet de loi 204, destiné à protéger contre les poursuites judiciaires l'entente conclue entre la Ville de Québec et Quebecor pour la gestion d'un nouvel amphithéâtre. Ce projet de loi privé avait été parrainé par la péquiste Agnès Maltais et appuyé par Mme Marois.

Dans son courriel, M. Bergeron affirme néanmoins ne pas douter de la «volonté» de sa chef de réaliser l'indépendance.

Il s'est contenté mardi de «rectifier les faits» dans un communiqué de trois paragraphes. Il ne conteste pas l'authenticité du courriel, adressé à un sympathisant du Parti indépendantiste. Il dit toutefois qu'on a mal interprété sa pensée. Il a qualifié son message «d'appel à l'unité des troupes progressistes et souverainistes derrière le Parti québécois». «J'estime que Pauline Marois a la volonté, le courage et la détermination nécessaires pour diriger le Parti québécois. Elle est la personne qu'il nous faut pour établir un lien de confiance avec les Québécoises et les Québécois, leur offrir un gouvernement fiable et honnête et, surtout, mener à bien le projet souverainiste.»

Dans son courriel, M. Bergeron parle de «l'espoir extraordinaire que susciterait l'apparition [...] d'une coalition indépendantiste et progressiste». Elle trancherait «sérieusement avec la morosité et le cynisme ambiants». Le militant à qui il s'adressait propose justement une telle coalition. Le député a assuré plus tard qu'il parlait du Parti québécois. Or, de son propre aveu, le PQ n'est plus très rassembleur. Il est déserté par les militants plus à gauche ou à droite, ainsi que par les souverainistes trop mous ou trop pressés, constate-t-il. Il refuse toutefois de blâmer Mme Marois pour cette situation. Selon lui, ce n'est pas «simplement le fait d'une crise de leadership».

Opportunistes?

Une coalition souverainiste n'est pas la seule option dans l'arène politique. Il y a aussi la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) de François Legault, qui pourrait se transformer en parti politique. Après le député péquiste démissionnaire Benoit Charette, c'est maintenant au tour du bloquiste France Gagné, défait aux dernières élections, de flirter ouvertement avec le groupe de M. Legault, comme son collègue Pascal-Pierre Paillé, autre bloquiste de la région de Québec. M. Gagné croit que les souverainistes devraient faire des propositions plus «terre à terre» et assainir les finances publiques.

«Je trouve navrant que des gens opportunistes soient prêts à tout renier pour joindre un mouvement parce qu'il a de bons sondages», a réagi mardi sur Twitter Scott McKay, critique du PQ en matière de mines. M. McKay a été chef du Parti vert de 2006 à 2008. Après avoir perdu son poste, il s'est présenté pour le PQ dans L'Assomption.