La stratégie du gouvernement Charest en matière énergétique ne va nulle part et devrait être réécrite d'un bout à l'autre, selon l'opposition péquiste.

Force est d'admetre que le gouvernement n'a pas atteint ses objectifs en matière de développement énergétique et a même renié ses engagements, a soutenu le porte-parole péquiste dans le domaine, le député Sylvain Gaudreault, mercredi, en conférence de presse.

Sa sortie visait à faire le point sur la stratégie énergétique 2006-2015 du gouvernement, qui est rendue à mi-parcours. Elle avait été pilotée par le ministre des Ressources naturelles de l'époque, Pierre Corbeil, qui avait alors fixé six objectifs: renforcer la sécurité des approvisionnements, utiliser l'énergie comme levier de développement économique, donner plus de pouvoir aux communautés locales et aux nations autochtones, miser sur l'efficacité énergétique, viser le développement durable et fixer le juste prix à l'électricité.

Or, selon M. Gaudreault, le gouvernement a erré sur tous les plans en prenant depuis des décisions discutables: abolition de l'Agence de l'efficacité énergétique, développement erratique des énergies nouvelles dpont l'éolienne, absence d'entente avec Ottawa dans le dossier Old Harry, abandon des projets de ports méthaniers, chaos dans l'exploration des gaz de schiste, exportation à tout prix de l'hydroélectricité et dégel du bloc patrimonial à partir de 2014 malgré un engagement contraire.

«C'est un échec lamentable à tous niveaux», a commenté M. Gaudreault, qui demande à la ministre actuelle, Nathalie Normandeau, de réécrire la stratégie «au grand complet».

La ministre Normandeau a réagi en énumérant les «20 bons coups» accomplis par son gouvernement depuis le dépôt de la stratégie.

En point de presse, elle a confirmé le recul du gouvernement par rapport aux projets de ports méthaniers, particulièrement celui de Rabaska, sur la rive-sud de Québec.

«Les conditions de marché actuellement ne sont pas propices au développement d'un projet comme Rabaska», a-t-elle convenu, en ajoutant qu'elle ne voyait pas le jour où elles seraient réunies.

En 2006, Québec misait sur les terminaux méthaniers pour diversifier et sécuriser les approvisionnements en gaz naturel.

A propos du rapport attendu du BAPE sur les gaz de schiste, remis au gouvernement lundi mais pas encore publié, Mme Normandeau a d'abord dit qu'il s'agissait d'un rapport «costaud», avant d'ajouter qu'elle ne l'avait pas lu. Il reviendra au ministre Pierre Arcand de le rendre public «en temps opportun».

La teneur de ce rapport pourrait cependant avoir des conséquences sur la stratégie énergétique, avec le report du dépôt du projet de loi promis depuis longtemps sur les hydrocarbures, a indiqué la ministre.

Ce projet de loi promis pour l'automne 2010, puis le printemps 2011, pourrait être reporté une fois de plus, cette fois à l'automne 2011.

«On va s'appuyer sur les recommandations du BAPE. Il se pourrait que le projet de loi soit repoussé», a commenté Mme Normandeau.

La première priorité fixée par le gouvernement en 2006 consistait à se servir des ressources énergétiques comme d'un levier économique.

Essentiellement, on voulait produire davantage d'électricité pour en exporter davantage et ainsi remplir les coffres de l'État.

Or, selon M. Gaudreault, Québec a tort de «favoriser à tout prix l'exportation, malgré les baisses évidentes de bénéfices reliées à l'exportation. Alors que nous, nous disons: «avant d'exporter, faisons du développement chez nous»'.

Le gouvernement a trahi sa propre stratégie énergétique, en faisant privilégier les intérêts privés plutôt que l'intérêt public, selon lui, «que ce soit dans le secteur éolien ou dans le domaine des hydrocarbures avec la cession des droits à l'île d'Anticosti» par Hydro-Québec.

«Les gestes posés par le gouvernement libéral depuis cinq ans en matière énergétique vont, la plupart du temps, dans le sens contraire des objectifs qu'il s'était lui-même fixés», a-t-il poursuivi dans son bilan.

M. Gaudreault a par ailleurs déploré le fait que le développement énergétique était totalement absent du manifeste rendu public récemment par l'ex-ministre péquiste François Legault, alors qu'il prétend avec sa nouvelle coalition miser sur la création de richesse.

«Je ne comprends pas qu'il n'ait pas fait mention d'aucune manière du dossier énergétique au Québec», a-t-il dit.