La sortie politique de François Legault n'a pas impressionné le gouvernement Charest mais a plongé le Parti québécois dans tous ses états, lundi.

«Ce gars-là a investi plus de 10 ans dans ce combat (pour la souveraineté) et aujourd'hui, il laisse tomber le Québec. Il nous laisse tomber», a dit le député péquiste de Marie-Victorin, Bernard Drainville, déçu de la décision de l'ancien ministre d'abandonner la militance souverainiste.

«Tu ne peux pas renoncer à te battre pour le Québec et les intérêts du Québec. C'est très décevant que François ait annoncé aujourd'hui qu'il renonce à ça», a poursuivi M. Drainville.

Au Parti québécois, on affirme que M. Legault s'illusionne s'il pense pouvoir faire l'économie de la question nationale.

Comme le Québec est prisonnier de son statut constitutionnel, la coalition Legault se retrouvera vite dans un cul-de-sac, a prédit M. Drainville, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes.

Du côté du gouvernement, le ministre Pierre Moreau a dit trouver bien vagues les propositions de M. Legault, qui, selon lui, se résument à prôner «le bien contre le mal».

«Va falloir que M. Legault précise bien d'avantage ce qu'il entend, a dit le ministre des Affaires intergouvernementales. Je pense qu'il tente de se positionner en alternative de Mme Marois.»

Pour sa part, le chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Gérard Deltell, est d'avis que l'ancien ministre péquiste a vu juste en tournant le dos aux recettes du passé.

«C'est clair que François Legault met de côté les 40 dernières années de vision libéralo-péquiste qui ont fait qu'aujourd'hui au Québec, on est la cinquième nation la plus endettée au monde», a-t-il dit en point de presse à l'Assemblée nationale.

M. Deltell «salue la contribution» de M. Legault au débat public mais considère qu'il n'y a pas de place sur l'échiquier politique québécois pour un deuxième parti de droite.

Il n'est «aucunement question de saborder l'Action démocratique» aux profits d'une éventuelle formation dirigée par M. Legault, a prévenu le leader de l'ADQ.

Quant à elle, la cochef de Québec solidaire, Françoise David, pense que M. Legault sombre dans le «défaitisme» en tirant un trait sur la souveraineté.

«M. Legault se dit très attaché à la langue française et à la culture majoritaire et, en même temps, dit que la question nationale est un cul-de-sac. C'est comme s'il nous disait: «arrêtons d'en parler, passons à autre chose'. C'est étonnant. Il est très défaitiste», a-t-elle affirmé lors d'un entretien téléphonique.

Aux yeux de la leader de gauche, M. Legault fait également une erreur en présumant que le développement économique du Québec est paralysé par l'immobilisme.

Au contraire, «les Québécois ont confiance en eux et ont le goût d'avancer», a-t-elle insisté.

«Mais s'ils demandent des moratoires, c'est parce que les projets présentés actuellement sont ni écologiquement responsables, ni socialement équitables», a évalué Mme David.