Le prochain budget fédéral devra contenir les 2,2 milliards de dollars que réclame Québec pour avoir harmonisé sa taxe de vente à la taxe fédérale il y a 20 ans, mais ce ne sera pas suffisant pour obtenir l'appui du Bloc québécois, a indiqué mercredi le chef bloquiste Gilles Duceppe.

En tout, les attentes du Québec se chiffrent à 5 milliards, et Ottawa devra donner des réponses à des requêtes aussi anciennes que la compensation pour le verglas de 1998 et les modifications au régime de péréquation (1,2 milliard). C'est ce qu'a précisé le chef bloquiste, mercredi, à Québec, où ses députés terminaient une réunion de deux jours.

La compensation de 2,2 milliards pour l'harmonisation de la TVQ à la TPS est incontournable, mais elle est insuffisante, a expliqué M. Duceppe. «S'il n'y a rien en plus de cela, si on nous dit d'oublier le reste, c'est no way!» a-t-il lancé. «En dépit des belles promesses de 2006, le gouvernement Harper a carrément tourné le dos au Québec», dit Gilles Duceppe. Le gouvernement fédéral a pourtant dénoué les cordons de sa bourse pour l'Ontario et injecté 10 milliards au profit de l'industrie automobile, a-t-il relevé. Élu depuis 1993, il soutient qu'il n'a «jamais vu un gouvernement fédéral traiter le Québec avec autant d'iniquité».

Le Bloc vise à être prêt à partir en campagne électorale dès le début mars. Des rumeurs persistantes reportent toutefois la présentation du budget Flaherty à la fin du mois de mars plutôt qu'au mois de février.

M. Duceppe précise que les demandes du Québec ne sont pas «une liste d'épicerie», mais un relevé de revendications sur la base de ce qui a été accordé à d'autres provinces. Pour l'harmonisation des taxes, par exemple, la question n'avait pas été discutée à l'époque de Brian Mulroney et de Robert Bourassa. Ottawa a toutefois généreusement indemnisé les Maritimes, puis l'Ontario.

«C'est maintenant le tour du Québec», estime M. Duceppe. Québec revendique en outre 1,25 milliard, conséquence de modifications à la formule de péréquation. Une pleine indemnisation pour la réduction de ces paiements de transfert nécessite 250 millions de plus. On doit compter 800 millions pour le financement de l'éducation et des programmes sociaux, sans oublier les 437 millions réclamés en vain depuis 1998 pour les dommages causés par le verglas.

M. Duceppe a par ailleurs salué l'arrivée de son ancien chef, Lucien Bouchard, à la tête de l'Association pétrolière et gazière du Québec. Dans le débat sur le gaz de schiste, «il est capable d'apporter des solutions», prédit-il.