Seul en lice pour sa propre succession, le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Michel Arsenault, se dit fier de ce qu'il a accompli et prêt à affronter de nouvelles tempêtes, notamment en dotant le syndicat d'un nouveau code d'éthique.

La centrale syndicale tiendra, à Montréal, du 29 novembre au 3 décembre, son 29e congrès qui culminera avec l'élection de son président.

Mais puisque le seul rival possible de M. Arsenault, le secrétaire général de la FTQ, René Roy, a déclaré forfait en annonçant sa retraite, le bouillant personnage devrait se voir reconfirmer dans ses fonctions «à moins qu'un lapin ne sorte du sac».

Et il se dit fin prêt à aborder les défis qui se présenteront au cours de son prochain mandat. «J'ai encore le goût de faire cela. J'aimerais ça être le président de la FTQ pour les trois prochaines années», a-t-il affirmé. Et si son souhait se concrétise comme prévu, il espère que cela représentera bel et bien un vote de confiance des délégués. «Avec tout le travail que j'y ai mis!», s'est-il exclamé.

Il énumère d'ailleurs les succès de son syndicat au cours des dernières années. Les dernières négociations dans le secteur de la construction, le nombre réduit d'heures de grèves et de lock-out au Québec, les réussites du Fonds de la solidarité et un recrutement en croissance représentent quelques exemples. «Il se fait des bonnes affaires à la FTQ! Mais les bonnes nouvelles font rarement les manchettes», a-t-il déploré.

Commission d'enquête

Michel Arsenault ne prétend pas que la FTQ est parfaite. Reconnaissant par exemple que tous les membres du syndicat «ne sont peut-être pas tous des enfants de coeur», le président croit néanmoins que le syndicat s'est engagé dans un processus d'amélioration continu efficace. «C'est certain qu'on avait une côte à remonter avec tout ce qu'il s'est passé dans les dernières années», a reconnu le syndicaliste.

Au cours du rassemblement qui aura lieu au Palais des congrès de Montréal, les délégués auront par exemple l'occasion de discuter de l'adoption d'un code d'éthique, souligne-t-il.

Et Michel Arsenault ne se laisse pas abattre par les critiques dont il a fait l'objet au cours des dernières années. Il balaie entre autres du revers de la main les récentes allégations à Ottawa d'un entrepreneur en construction, Paul Sauvé, liant la FTQ et lui-même au monde de la mafia et aux Hells Angels. Selon lui, elles proviennent d'un hurluberlu et ses propos ne sont pas crédibles.

Celui qui se méfie des «tribunaux publics» qui peuvent «détruire des réputations et des vies» rappelle que le Québec est une société de droits. Et c'est pour cette raison, dit-il, qu'il revient sur sa position et se joint à ceux qui réclament une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction.

Michel Arsenault a tenu à rappeler qu'il y a un an, il avait rencontré le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, avec les syndiqués de la Ville de Montréal pour lancer le message selon lequel les choses devaient changer quant à l'attribution des contrats dans le secteur de la construction. «On a enlevé ça des mains des fonctionnaires et on a mis ça dans les mains des politiciens. Il faut être plus sévère, il faut avoir des balises et cela ne vient pas assez vite», a-t-il plaidé.

Même s'il salue le travail de l'escouade Marteau et l'ajout des policiers, le président croit que l'impatience au sein de la population s'est également fait ressentir chez les membres de la FTQ. La tenue d'une commission d'enquête ferait cesser cette «téléréalité», où de nouveaux soi-disant scandales éclatent à chaque semaine. «On n'est pas une société d'inquisition! », a-t-il lancé.

Si jamais la FTQ est accusée de quoi que ce soit, conclut Michel Arsenault, au moins elle aura l'occasion de contre-interroger ceux qui l'accusent et pourra présenter une défense.