Le Parti québécois s'est indigné, mardi, que le premier ministre Jean Charest continue de recevoir son salaire d'appoint de 75 000 $ du Parti libéral en attendant l'adoption d'un projet de loi qui interdira cette pratique.

Le leader de l'opposition officielle, Stéphane Bédard, a estimé que ce comportement est contraire à l'éthique.

En mai dernier, afin de dénouer une impasse sur un projet de loi qui doit créer un code d'éthique pour les parlementaires, M. Charest avait accepté de renoncer à son salaire d'appoint, mais seulement lorsque les nouvelles règles seront adoptées.

Dans la foulée, M. Bédard avait déposé un amendement au projet de loi 48, dont l'étude a repris mardi à l'Assemblée nationale, interdisant à tous les élus de percevoir un salaire versé par un parti politique.

Après la commission parlementaire, le péquiste s'est indigné que M. Charest attende l'adoption du projet de loi pour renoncer à sa rémunération.

«C'est M. Charest qui prend la responsabilité - moi je n'en reviens pas - de continuer à recevoir un salaire qui n'est pas éthique, a-t-il dit. Le projet de loi va l'interdire ultimement. Lui le sait. Ça va lui prendre un projet de loi pour faire en sorte qu'il se conforme à l'éthique.»

Le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, a affirmé que dès l'adoption du projet de loi, le premier ministre renoncera à son salaire d'appoint, qu'il reçoit depuis son arrivée à la tête du Parti libéral du Québec, en 1998.

Cette information était cependant restée secrète, jusqu'à ce qu'elle soit révélée dans un reportage, en mars 2008.

M. Fournier a indiqué qu'il espère que l'adoption du projet de loi se fera le plus rapidement possible, peut-être même d'ici la suspension des travaux pour la période des fêtes.

«On le souhaite, a-t-il dit. Je pense que c'est dû.»

M. Fournier a affirmé que les travaux sur le texte législatif se poursuivront cette semaine. Il sera question des déclarations d'intérêts des députés et des membres de leur famille.

«C'est cette question qui soulève quelques interrogations sur les impacts sur le conjoint qui n'a pas choisi de faire de la politique mais qui en subit certains effets collatéraux», a-t-il dit.

Les libéraux ont fréquemment recours aux actifs détenus par le mari de la chef péquiste Pauline Marois, Claude Blanchet, pour tenter de la placer dans l'embarras.

M. Bédard s'est montré satisfait des dispositions contenues dans le projet de code d'éthique, qui prévoit que les conjoints des membres du conseil des ministres seront tenus de faire une déclaration d'intérêts de manière à prévenir tout conflit avec des décisions gouvernementales.

M. Bédard ne s'est pas inquiété du fait que les conjoints pourront être propriétaires d'entreprises à capital fermé qui obtiennent des contrats du gouvernement alors que le projet de règlement l'interdirait aux ministres.

«Au Québec on a voulu que les conjoints-conjointes continuent à vivre leur vie, a-t-il dit. Ce qui est important c'est de s'assurer de l'étanchéité entre les deux. Dans des cas, c'est impossible, donc la déclaration d'intérêts. Et quand c'est trop, il faut que la personne se départisse de ses intérêts.»

Par ailleurs, M. Bédard n'a pas été en mesure de préciser si le code d'éthique permettra ou non que des conjoints de ministres dirigent des sociétés d'État dont ils sont responsables, comme ce fut le cas lorsque M. Blanchet était président de la Société générale de financement (SGF), qui relevait de Mme Marois, alors qu'elle était ministre des Finances, en 2001-2002.

Il a cependant affirmé que Mme Marois avait respecté les règles de divulgation en vigueur et qu'elle s'était retirée du conseil des ministres à chaque fois que les circonstances l'exigeaient.

«Ç'avait été fait à l'époque selon les règles de l'art», a dit M. Bédard.