Jean Charest compte procéder dès cette semaine à un remaniement ministériel. Quitte à composer avec des députés déçus lors du congrès des jeunes du PLQ, qui se tient à Québec en fin de semaine prochaine. Déterminé à brasser rapidement les cartes pour tenter de donner un nouveau souffle à son gouvernement, Jean Charest se retrouve toutefois avec un obstacle sur sa route: Yves Bolduc, venu en politique pour s'occuper de la Santé, refuse de bouger et menace de claquer la porte.

Le gouvernement Charest a déjà amorcé une série de gestes destinés à lui ramener la faveur de l'électorat alors que la satisfaction à son endroit pique du nez depuis des mois. Avec le retour de Jean-Marc Fournier, confirmé lundi, le conseil des ministres donnera le feu vert demain au déclenchement d'une élection complémentaire dans Saint-Laurent. Le scrutin se tiendra le 13 septembre, indiquent des sources fiables. M. Fournier pourra donc faire la rentrée à l'Assemblée nationale, le 21 septembre, en tant que leader parlementaire du gouvernement.

Mais au coeur du casse-tête que représente toujours ce jeu de chaises musicales: Yves Bolduc, qui tient à son poste à la Santé. Cet été, Jean Charest, confie-t-on, a été profondément irrité par le peu de planification de son ministre sur la question des prix des médicaments. Les groupes de pharmaciens sont venus frapper à la porte du bureau du premier ministre pour revendiquer le maintien des ristournes que leur payaient les multinationales. Plus récemment la décision sur la procréation assistée a suscité sa part de controverse aussi.

Pour remplacer Bolduc, les conseillers de Jean Charest considéraient deux avenues; Line Beauchamp, qui y serait allée à reculons, toutefois - elle préfère rester à l'Environnement ou passer à l'Éducation. Une piste étonnante a été évoquée: Raymond Bachand aurait été tenté par ce défi du financement de la Santé. Dans cette éventualité, Monique Gagnon-Tremblay serait passée du Trésor aux Finances.

Élu dans Jean-Talon, Bolduc se trouve dans une circonscription qui vote toujours libéral, mais avec le niveau de mécontentement de la population, une complémentaire reste risquée pour le PLQ. Jean Charest qui, dans le passé, a «callé le bluff» de Yves Séguin et de Thomas Mulcair, qu'il avait délogé respectivement des Finances et de l'Environnement, hésite bien davantage cette fois. L'avenir de Yves Bolduc restait lundi la clé de ce réalignement gouvernemental.

Avec le départ de Jacques Dupuis, qui partira sous peu en moto vers son condo de Floride, quatre sièges sont vacants ; le poste de leader parlementaire, qui ira à Jean-Marc Fournier, mais aussi ceux de la Sécurité publique, de la Famille et du Travail. On prédit que Yolande James restera à l'Immigration. Robert Dutil pourrait prendre du galon et s'occuper d'Agriculture, où il a remplacé Claude Béchard. Malade, M. Béchard verrait ses responsabilités réduites probablement aux relations intergouvernementales canadiennes, selon les rumeurs.

Mécontentement

Le brassage de cartes semblait en voie de créer bien des mécontents. Pierre Moreau, élu dans Châteauguay se préparait depuis des mois à devenir leader parlementaire. Il était chef de cabinet de Dupuis puis, réélu, était devenu leader adjoint et se trouve coiffé à la ligne d'arrivée par M. Fournier. On spéculait sur son arrivée à la Sécurité publique, que lorgne depuis longtemps l'ex-policier Guy Ouellette.

Laurent Lessard se débat comme un diable dans l'eau bénite pour rester aux Affaires municipales; il a un appui solide dans les municipalités. Mais Julie Boulet, qui veut absolument quitter les Transports, visait la chaise de l'ancien maire de Thetford. Il faudra encore trancher.

Aussi, Jean-Marc Fournier se voit depuis des années aux Transports - son ancien comté était traversé par l'autouroute 30 qu'on devait prolonger.

Une rumeur envoie Pierre Arcand, qui a bien fait aux Affaires internationales, au Conseil du trésor, où son background économique serait mieux utilisé. On entend parler de l'Éducation pour Monique Gagnon-Tremblay, mais encore là, on est au stade des rumeurs. Lundi soir, Michelle Courchesne paraissait plutôt en voie de rester en selle.

Ce qui est clair toutefois c'est que le remaniement prévu initialement pour la fin juin a été reporté notamment parce que les négociations du secteur public n'étaient pas terminées, en dépit du plan de match du gouvernement - Mme Gagnon-Tremblay et les ministres des réseaux, Michelle Courchesne et Yves Bolduc ne pouvaient être bougés à ce moment-là. Aussi, la controverse autour de la Commission Bastarache aurait occulté le changement de cap, l'impression que veut dégager le gouvernement avec cette chaise musicale.