La confusion régnait, mercredi, quant à savoir combien coûterait aux contribuables le remplacement des panneaux de signalisation sur les routes du Québec, au cours de la prochaine décennie.

L'opposition péquiste a dénoncé ce qu'elle a qualifié de «cafouillage» au ministère des Transports (MTQ), à la suite des chiffres révélés par le quotidien Le Devoir et aussitôt démentis par le ministère.

Quant à elle, la ministre des Transports, Julie Boulet, présentement en vacances, n'était pas disponible pour répondre aux questions des journalistes.

Selon le quotidien, par souci de sécurité et pour mieux répondre aux besoins des conducteurs, dont l'acuité visuelle diminue avec l'âge, le ministère des Transports procède au remplacement progressif, échelonné sur une dizaine d'années, des 400 000 panneaux de signalisation du réseau routier québécois.

Cette nouvelle génération de panneaux plus faciles à repérer coûterait au total quelque 760 millions $, selon les calculs du Devoir.

Or, mercredi, le ministère a publié un démenti pour affirmer qu'il en coûterait beaucoup moins cher, soit entre 80 et 100 millions $ pour effectuer le changement (huit à 10 millions $ par année).

Pour expliquer le fossé entre les deux, l'opposition péquiste soupçonne une «opération délibérée» visant à attribuer des contrats à l'entreprise privée, selon une culture de favoritisme qui semble avoir cours depuis quelques années au ministère, selon le porte-parole en Transports, le député Stéphane Bergeron.

Ce dernier qualifie de «curieuse coïncidence» le fait que le ministère décide de remplacer les panneaux routiers au même moment où il choisit de privatiser cette activité, qui relevait auparavant du Centre de signalisation routière du même ministère.

Le député péquiste soutient que la situation soulève «des questions préoccupantes». Selon lui, il y a «une culture au ministère qui fait en sorte que sciemment ou non, des entreprises sont favorisées».

À ses yeux, le MTQ a donc «l'obligation de clarifier la situation» et d'expliquer pourquoi les chiffres obtenus par le quotidien ne correspondent pas à ceux figurant dans le communiqué du ministère.

Le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) partage son point de vue, et estime que les contribuables vont payer plus cher pour les nouveaux panneaux, vu que Québec a choisi d'avoir recours au secteur privé.

«'C'est inquiétant de constater qu'immédiatement après la fermeture du Centre de signalisation, qui s'autofinançait en fabriquant à l'interne les panneaux routiers, et ce, à des coûts moins élevés que le privé, le gouvernement se lance dans l'octroi de contrats au privé», a indiqué, par voie de communiqué, le porte-parole du SFPQ et premier vice-président, Christian Daigle.

Les panneaux de signalisation ont une durée de vie de 10 à 12 ans et sont donc appelés à être changés périodiquement, fait-on valoir au ministère.

«Les nouveaux panneaux sont plus visibles et mieux lisibles, ce qui profite à l'ensemble des conducteurs», peut-on lire dans le communiqué du ministère.

Un porte-parole du ministère a ajouté que tout avait été fait selon les normes, par appel d'offres.