Malgré l'avis de plusieurs organismes de prévention, le gouvernement du Québec n'entend pas réglementer l'installation de tremplins dans les piscines résidentielles, a appris La Presse.

«C'est vraiment un scandale, a déploré Éric Lavoie, fondateur de la Société de prévention des accidents de plongeon. Est-ce qu'il va falloir qu'un autre gars de 19 ans devienne paraplégique à la suite d'un plongeon pour que, l'année prochaine, on pense à une loi?»

Éric Lavoie, 34 ans, lui-même paraplégique depuis 1995 à la suite d'un mauvais plongeon, milite depuis des années pour prévenir les accidents de ce type.

Ses démarches ont mené l'an dernier à la publication d'une première norme canadienne sur les tremplins privés.

Cette norme, préparée par le Bureau de normalisation du Québec, précise quelle profondeur doit avoir la piscine devant et sous le tremplin pour que l'on puisse y plonger sans danger.

Bien que les fabricants et les installateurs de tremplins se fient à la nouvelle norme, cette dernière n'a pas force de loi. Éric Lavoie voulait donc que le gouvernement la mette en référence dans son projet de règlement sur la sécurité des piscines résidentielles, qui a été présenté l'an dernier.

En janvier, M. Lavoie en a fait la demande en commission parlementaire. Sa proposition a été appuyée par le Bureau de normalisation du Québec, la Société canadienne de la Croix-Rouge et l'Institut national de santé publique du Québec, souligne-t-il.

Pas cet été

Il y a deux semaines, des représentants du ministère des Affaires municipales lui ont annoncé que la mesure ne serait pas ajoutée dans le règlement, qui devrait être adopté cet été.

«Dans sa rédaction actuelle, le règlement ne prévoit pas cette mesure», a confirmé hier Sylvain Bourassa, attaché de presse du ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard. Il a expliqué que le «but premier» du règlement, qui ne s'applique qu'aux nouvelles piscines, est d'empêcher les enfants d'accéder sans surveillance à la piscine. «Il n'est pas dit qu'il n'y aura pas de changement un jour», a-t-il ajouté.

Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage, aurait préféré que la norme sur les tremplins figure dans le règlement. «Mais faute d'avoir un règlement parfait, j'aime mieux en avoir un imparfait dès cet été», a-t-il dit.