Le premier ministre Jean Charest s'en remet à la commission Bastarache et évite de répondre aux questions sur son intervention dans le processus de nomination des juges.

Vendredi soir, M. Charest n'avait pourtant pas hésité à réagir aux déclarations faites par sa ministre de la Justice. Kathleen Weil a confirmé qu'elle discute avec le premier ministre des candidats au poste de juge, elle le consulte avant de faire sa recommandation au Conseil des ministres. «C'est tout à fait normal», avait dit M. Charest.

 

Si c'est «normal», pourquoi avoir attendu avant d'admettre cette pratique? «La commission Bastarache va se pencher sur toutes ces questions. On pourrait enchaîner les questions et être ici jusqu'à demain, a répondu Jean Charest en conférence de presse, hier. Laissons la commission faire son travail. Je pense que c'est la meilleure façon d'aborder tout ça.»

Le premier ministre n'a pas voulu dire si les prédécesseurs de Mme Weil, Jacques Dupuis et Yvon Marcoux, le consultaient également. «On ne fera pas deux commissions en parallèle», a-t-il affirmé.

M. Charest a refusé de dire pourquoi il intervenait dans le processus alors que Roger Lefebvre, titulaire de la Justice en 1994, a confirmé à La Presse que le premier ministre Daniel Johnson lui avait dit que les recommandations étaient la prérogative exclusive du ministre. «Je ne sais pas ce que mes prédécesseurs ont dit à leurs collègues», a indiqué Jean Charest.

Ministre de la Justice sous trois premiers ministres, Paul Bégin a soutenu que les Parizeau, Bouchard et Landry n'étaient pas consultés au préalable et prenaient connaissance de sa recommandation en même temps que les autres membres du Conseil des ministres.

«Aller au fond des choses»

La commission d'enquête est «la meilleure façon d'aller au fond des choses» et de le faire «dans l'ordre», estime Jean Charest. «On va pouvoir répondre aux questions et le faire correctement.» Michel Bastarache «se prononcera et fera la part des choses». L'intervention du premier ministre dans le processus a fait sourciller M. Bastarache, comme l'a indiqué La Presse samedi.

Kathleen Weil a brillé par son absence au conseil général. Elle avait d'autres engagements, a expliqué M. Charest. L'attachée de presse de Mme Weil avait pourtant dit samedi que la ministre était «censée aller faire un tour».

Jean Charest a déploré la tournure du débat au cours de la dernière semaine, alors que, «avec l'immunité parlementaire», le Parti québécois a dit «à peu près n'importe quoi».