Les trois partis d'opposition à l'Assemblée nationale semblaient à court d'épithètes, mardi, pour dénoncer en bloc le budget 2010-2011 déposé par le ministre des Finances, Raymond Bachand.

Une fois de plus, la chef péquiste, Pauline Marois, a jugé que le premier ministre Jean Charest n'avait plus de crédibilité, ayant bafoué l'un après l'autre les engagements pris durant la dernière campagne électorale.

M. Charest avait dit «pas de déficit, pas de hausses de taxes ou de tarifs», a indiqué la chef de l'opposition officielle, en ajoutant que le budget comportait au contraire une «pléthore» de hausses tarifaires et de taxes, dont la nouvelle «taxe Charest» pour financer le réseau de la santé.

A ce propos, Mme Marois a déploré le fait que malgré cette nouvelle taxe annuelle à acquitter sur les soins de santé, le réseau n'offrira «pas un service de plus que maintenant».

Ce sont donc, au total, les contribuables qui «vont payer pour la mauvaise gestion du gouvernement Charest», a-t-elle ajouté.

Selon ses calculs, le gouvernement Charest aura fracassé «un record historique» en endettant les Québécois de plus de 42 milliards $ depuis son élection.

Elle s'est de plus montrée «inquiète», en affirmant que Québec n'avait pas procédé à une étude d'impact des diverses hausses de taxes et de tarifs annoncées sur l'économie.

Du côté de l'Action démocratique (ADQ), le chef du parti, Gérard Deltell, a soutenu que le budget Bachand était probablement «le plus choquant» de l'histoire récente, particulièrement avec son «impôt-santé».

Selon lui, le gouvernement n'a pas eu le courage de faire d'abord le ménage dans sa cour, en sabrant dans les dépenses du gouvernement avant de demander un effort supplémentaire aux contribuables.

Le critique adéquiste en finances, François Bonnardel, a renchéri pour dire que Québec prenait les contribuables pour des «vaches à lait».

Il estime lui aussi que Québec ne s'est imposé aucun sacrifice et s'est contenté, au total, de «mesurettes insignifiantes».

De l'avis du porte-parole de Québec solidaire, le député de Mercier, Amir Khadir, ce sont ceux qu'on appelle les «lucides» qui sortent gagnants de l'exercice budgétaire.

Québec a demandé des sacrifices aux «gens ordinaires», mais, selon lui, n'a pas eu le courage de faire payer les «élites affairistes», en maintenant leurs avantages fiscaux.

Il s'en est pris au plan de compressions de dépenses annoncé par le ministre et dénoncé le choix de Québec, à ses yeux, d'imposer «un garrot financier sur les services publics», ce qui aura des conséquences dramatiques, dont la fuite du personnel et la «gangrène» du réseau de la santé.