Le sénateur libéral Paul J. Massicotte devra chercher ailleurs que dans les poches des contribuables pour tenter de sortir son entreprise Attractions hippiques du bourbier.

Déterminé à fermer le robinet, Québec va demander à la Cour supérieure de cesser tout versement au propriétaire des hippodromes privatisés.

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a répété vendredi que le gouvernement du Québec n'allongera pas un sou de plus pour soutenir l'industrie moribonde des courses de chevaux malgré les appels à l'aide du sénateur Massicotte.

«On est rendu à plus de 400 millions de dollars de subventions au cours des 15 dernières années pour soutenir cette industrie-là. Monique Jérôme-Forget avait dit: c'est terminé et moi aussi je dis: c'est fini», a tranché le ministre, en point de presse à l'Assemblée nationale.

Néanmoins, Québec ne veut pas se faire accuser d'abandonner à leur sort les éleveurs de chevaux de course. Ces derniers obtiendront une aide «ponctuelle» de 9,2 millions, d'ici 2012, pour leur permettre de réorienter leurs activités.

«Quand on décide d'arrêter de soutenir artificiellement, par nos taxes, une industrie, je pense que c'est la moindre des choses que d'aider les travailleurs dans la conversion de leur entreprise», a dit M. Bachand.

Dans le rapport financier présenté à ses créanciers plus tôt cette semaine, M. Massicotte soumet au gouvernement une série de demandes évaluées à plusieurs dizaines de millions de dollars pour relancer son entreprise.

Pourtant, le promoteur bénéficie déjà largement de l'aide de l'État.

Il encaisse une commission de 22 pour cent sur les recettes des appareils de loterie vidéo, ce qui représente une cagnotte annuelle de 8,6 millions.

Le sénateur empoche aussi un remboursement de la taxe sur le pari mutuel, une somme avoisinant les 10 millions par année.

En dépit de cela, M. Massicotte n'est jamais parvenu à remettre l'industrie en piste.

Au contraire, la popularité des courses de chevaux régresse d'année en année.

D'une valeur de 315 millions en 1990, le pari a chuté à 136 millions en 2008.

De surcroît, plus de 80 pour cent de ces sommes sont pariées sur des courses tenues à l'extérieur du Québec et diffusées sur écrans dans les Hippo clubs.

Pour le ministre Bachand, la coupe est pleine.

Québec demandera au tribunal, le 13 octobre, de mettre fin à ses versements à Attractions hippiques, reprochant à l'entreprise de ne pas avoir respecté ses obligations contractuelles avec le gouvernement.

«Le plan d'affaires d'Attractions hippiques n'a malheureusement pas fonctionné», fait-on valoir au ministère des Finances.

Au bord du gouffre, l'entreprise de M. Massicotte s'est placée, en juin 2008, sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.