Sur la sellette depuis ses deux témoignages devant le comité de la justice sur l'affaire SCN-Lavalin, le greffier du Conseil privé, Michael Wernick, prendra sa retraite «prochainement» après 38 années de service dans la fonction publique, a annoncé le premier ministre Justin Trudeau lundi.

Désirant mettre fin à la controverse qui a fait perdre des plumes aux libéraux dans les sondages à sept mois des élections fédérales, M. Trudeau a aussi annoncé qu'il confie le mandat à l'ancienne vice-première ministre libérale Anne McLellan d'évaluer si un seul ministre doit occuper à la fois les fonctions de ministre de la Justice et de Procureur général.

Elle-même ancienne ministre de la Justice dans le gouvernement de Jean Chrétien de 1997 à 2002, Mme McLellan servira à titre de conseillère spéciale et devra soumettre des recommandations indépendantes au premier ministre d'ici le 30 juin.

«Les Canadiens s'attendent à avoir confiance en leurs institutions et les gens qui y travaillent et ils le méritent. Les événements des dernières semaines ont soulevé des questions importantes sur la relation entre le gouvernement fédéral et les fonctions du ministre de la Justice et procureur général du Canada», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau à la Chambre des communes.

Cette annonce et le départ à la retraite de Michael Wernick visent à calmer la tempête politique qui ébranle le gouvernement Trudeau depuis le 7 février, date à laquelle le Globe and Mail a révélé que l'ancienne ministre de la Justice et Procureure générale Jody Wilson-Raybould avait fait l'objet de vives pressions de la part du bureau du premier ministre pour qu'elle intervienne afin d'éviter un procès criminel à SNC-Lavalin.

Dans un communiqué de presse publié quelques minutes avant la période de questions, le premier ministre a indiqué qu'il nomme Ian Shugart, actuellement sous-ministre des Affaires étrangères au poste du plus haut fonctionnaire de l'État canadien.

«Je tiens à remercier Michael Wernick pour ses nombreuses années de service au Canada et aux Canadiens. Depuis 1981, il s'est démarqué en tant que fonctionnaire dévoué et a travaillé à bâtir une fonction publique moderne, souple et de calibre mondial, qui met les besoins des Canadiens au coeur de son travail. Je le remercie également d'avoir appuyé nos efforts au cours des dernières années en vue de mettre en oeuvre un programme ambitieux et de bâtir un avenir meilleur pour les gens et les communautés qui font la force de notre pays», a affirmé M. Trudeau.

Peu connu du grand public canadien, M. Wernick a défrayé la manchette au cours des dernières semaines après avoir témoigné à deux reprises devant le comité de la justice de la Chambre des communes dans la foulée de l'affaire SNC-Lavalin.

À l'instar du premier ministre, M. Wernick a nié avec véhémence que des pressions indues avaient été exercées sur l'ancienne ministre Jody Wilson-Raybould. Il s'est toutefois démarqué avec un discours au ton tranchant, notamment lorsqu'il a été interrogé par les députés des partis de l'opposition.

Après le témoignage choc de Mme Wilson-Raybould, qui avait contredit M. Wernick à quelques reprises, le Parti conservateur, le NPD et le Parti vert avaient réclamé d'une seule voix son congédiement. M. Wilson-Raybould avait notamment affirmé avoir reçu «des menaces à peine voilées» de la part de M. Wernick lui-même lors d'un entretien téléphonique le 19 décembre si elle n'infirmait la décision de la directrice des poursuites pénales Kathleen Roussel d'écarter l'option de négocier un accord de réparation avec SNC-Lavalin.