À la lumière des résultats positifs du Parti vert du Canada dans l'élection partielle à Outremont, le chef adjoint du parti, Daniel Green, croit qu'il est possible que les Québécois marquent l'histoire en envoyant à Ottawa cinq ou six députés verts en octobre prochain, comme la province l'a déjà fait avec d'autres partis dans son histoire.

« Le Québec au niveau fédéral a toujours voté par vagues, qui ont changé l'histoire du Canada. On l'a fait avec le Bloc québécois, on l'a fait avec le NPD. Maintenant, c'est le tour des verts », a déclaré M. Green en entrevue.

Le chef adjoint s'est lui-même présenté dans l'élection partielle d'Outremont, où il a fini troisième devant le Bloc québécois et le Parti conservateur du Canada. Il a réussi à arracher près de 13 % du vote, alors qu'en 2015, le parti n'avait réussi qu'à amasser 3,6 % des voix.

Selon M. Green, cela démontre que les Québécois commencent à comprendre que le Parti vert est une formation politique « utile », qui offre des solutions « concrètes ».

« Vraiment, on essaie de démontrer que voter vert n'est pas que théorique, que les verts ont des solutions pratiques à des problèmes réels que les changements climatiques vont nous apporter », a-t-il expliqué.

M. Green ajoute que le parti présentera aux prochaines élections des candidats expérimentés, qui sont « bien branchés sur leur communauté ».

« Ce sont des personnes matures, qui ont déjà vu neiger, certaines ont déjà fait de la politique municipale, certaines ont déjà fait de la politique fédérales, ont déjà été candidates pour d'autres partis », a-t-il soutenu.

Une réelle possibilité ?

Dans les derniers mois, avec les difficultés qui ont accablé le Parti libéral du Canada (PLC), le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois, certains se demandent où ira le vote de gauche aux prochaines élections fédérales d'octobre. Les verts espèrent profiter de ce désenchantement de certains électeurs vis-à-vis de ces trois partis.

Mais est-ce que les verts ont vraiment des chances de faire une percée au Québec ? Selon Philippe J. Fournier, chroniqueur à L'Actualité qui fait de la projection électorale sur son blogue 338Canada, le Parti vert devrait attirer une personne immensément connue pour gagner une seule circonscription au Québec - et encore faudrait-il choisir la bonne.

« M. Green, dans Outremont, qui a eu 12,5 %, c'est un sommet pour le Parti vert du Canada au Québec, a-t-il indiqué en entrevue. Pour vraiment faire une percée au Québec, ça va prendre vraiment un gros nom, parce qu'il n'y a aucun comté qui est prenable, ou même proche d'être prenable. »

L'humoriste JiCi Lauzon, bien connu du grand public, avait tenté sa chance en 2015 dans la circonscription de Pierre-Boucher-Les Patriotes-Verchères, au sud de Montréal, mais il n'avait réussi qu'à obtenir 8,5 % des voix.

Une nuisance au NPD

Le parti pourrait toutefois brouiller les cartes, au détriment du Nouveau Parti démocratique (NPD).

« Autant que Maxime Bernier est en train de cannibaliser la droite, autant on peut voir qu'ailleurs au Canada, et particulièrement dans les maritimes et en Colombie-Britannique, le vote de gauche, plus environnementaliste quitte le NPD et se dirige vers le Parti vert », a analysé M. Fournier.

D'ailleurs, si le Parti vert se trouve une grande vedette, selon M. Fournier, il aurait avantage à cibler des circonscriptions montréalaises, dont Laurier-Sainte-Marie et Hochelaga, toutes deux représentées par des députées néo-démocrates qui ne se représenteront pas au prochain scrutin.

Selon un sondage de la firme Léger mené en février, 8 % des Québécois disaient vouloir voter pour le Parti vert si des élections fédérales avaient lieu.

Ce chiffre pourrait toutefois diminuer lors du scrutin, étant donné que les électeurs ont souvent tendance à opter pour les grands partis au final. « Ça pourrait être une grosse balloune qui pète, mais ça fait vraiment plusieurs mois qu'on regarde au Québec, c'est 8, 9, 10 % [...] Donc ce serait un très bon score pour eux », a indiqué M. Fournier.

Daniel Green est très conscient que ces chiffres encourageants pourraient ne pas se concrétiser le jour du scrutin, mais il espère convaincre les Québécois que le vote vert en vaudra la peine.

« Le défi, en octobre, c'est de dire à nos électeurs verts de voter vert. Votez donc vert, c'est correct. C'est un vote utile, voter vert. C'est un vote qui est nécessaire pour envoyer le message », a-t-il conclu.

PHOTO FOURNIE PAR LE PARTI VERT DU CANADA

Le chef adjoint du parti vert du Canada, Daniel Green