Le Canada continuera de rencontrer des pays avec qui il partage une même vision du monde afin de combler le fossé séparant les nations en cette période de vives tensions internationales, a déclaré samedi la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Participant à la Conférence de Munich sur la sécurité, Mme Freeland a défendu que cette stratégie est nécessaire pour « renforcer l'ordre international fondé sur des règles ».

« Nous pensons également que nous devons former des coalitions spécifiques autour de questions spécifiques », a-t-elle dit au cours d'une conférence téléphonique. Mme Freeland a cité l'exemple du groupe de Lima qui a permis de renforcer l'opposition vénézuélienne dans sa lutte contre le président Nicolas Maduro.

Le groupe a contribué à identifier un prétendant à la succession du régime socialiste à Caracas, Juan Guaidó,

« Il y a maintenant une très longue liste de pays qui ont reconnu Juan Guaidó comme président par intérim, a-t-elle soutenu. C'est un signe que la communauté internationale se rassemble autour de la démocratie au Venezuela. »

Mais elle a ajouté que le Canada ne mène pas - et ne devrait pas mener - la lutte contre le régime Maduro.

« Il s'agit d'un processus dirigé par le peuple du Venezuela. Ce sont eux qui doivent gagner le combat. Le travail de la communauté internationale consiste à les soutenir, et c'est ce que nous faisons. »

Mme Freeland a aussi dit que le Canada continuera de désigner les pays qui violent les droits de la personne, citant la dénonciation du génocide des Rohingya musulmans au Myanmar comme un exemple d'une telle approche.

Le gouvernement fédéral a nommé l'ancien ministre libéral Bob Rae à titre d'envoyé spécial du Canada au Myanmar et s'est engagé à verser 300 millions sur trois ans pour lutter contre la crise dans ce pays. En septembre dernier, le Parlement a voté à l'unanimité pour dépouiller la dirigeante de facto du Myanmar, Aung San Suu Kyi, de sa citoyenneté canadienne honoraire pour ne pas avoir mis un terme aux atrocités commises contre le peuple Rohingya.

La sortie de Mme Freeland en faveur d'un ordre international conforme aux règles survient dans la foulée d'un différend entre le Canada et la Chine provoqué par la détention jugée « arbitraire » de deux Canadiens en représailles de l'arrestation d'une cadre supérieure de Huawei, Meng Wanzhou.

Elle a dit que la détention de Michael Spavor et de Michael Kovrig était au centre de ses discussions avec Rob Malley, président du International Crisis Group. Selon elle, les réactions internationales dénonçant la mesure chinoise sont un autre signe de rassemblement entre les pays.

« L'ICG a été un partenaire très important dans la construction d'un soutien international », a-t-elle déclaré.

De nombreux pays-dont l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, l'Australie, l'Estonie, la Lituanie et la Lettonie-se sont prononcés contre la détention des hommes. Plus tôt cette semaine à Munich, le sénateur américain Lindsey Graham a déclaré que la réaction américaine n'avait pas été assez forte.