L'affaire SNC-Lavalin se transporte devant un comité parlementaire, mercredi, alors que l'opposition tente de faire adopter une motion visant à faire comparaître neuf personnes afin de faire la lumière sur cette histoire.

Les conservateurs et les néo-démocrates ont réclamé et obtenu une réunion d'urgence du comité de la justice et des droits de la personne.

En relâche parlementaire, les députés fédéraux convergeaient à Ottawa au lendemain de la démission fracassante de l'ex-ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould.

En début de rencontre, le député libéral Randy Boissonnault a présenté une contre-motion proposant de convoquer un nombre plus limité de témoins.

Sur cette liste ne figure pas Jody Wilson-Raybould, ce qui a fait sourciller le néo-démocrate Nathan Cullen. L'élu a parlé d'un « formidable manque de curiosité ».

L'opposition, elle, réclame la comparution de la ministre démissionnaire ainsi que celle de plusieurs membres de la garde rapprochée de Justin Trudeau.

Peu avant le début de la réunion, le conservateur Pierre Paul-Hus a plaidé en point de presse que la liste de neuf témoins que l'on veut interroger était « raisonnable » et que leur présence s'imposait vu les circonstances.

À ses côtés, la porte-parole conservatrice en matière de justice, Lisa Raitt, a prévenu que si les libéraux - majoritaires au comité - bloquaient la motion ou tentaient de la diluer, d'autres avenues seraient explorées.

L'ex-ministre de la Justice et procureure générale du Canada, Jody Wilson-Raybould, a provoqué un coup de tonnerre mardi en annonçant qu'elle démissionnait du cabinet de Justin Trudeau, où elle détenait depuis janvier le portefeuille des Anciens Combattants.

Le gouvernement est sur la sellette depuis que le Globe and Mail a publié un article où l'on écrit que le premier ministre et son entourage rapproché auraient exercé des « pressions » pour convaincre l'ancienne ministre d'intervenir afin d'éviter un procès à la firme SNC-Lavalin.

En marge d'une annonce à Winnipeg, mardi soir, Justin Trudeau a contre-attaqué. Il s'est dit « déçu » et « surpris » de la défection de son ancienne ministre, soutenant ne « pas la comprendre au complet » tout en remettant en doute sa version des faits.

« Si elle avait l'impression que le gouvernement n'avait pas bien fait sa job, n'avait pas respecté toutes les normes, c'était sa responsabilité de venir m'en parler à l'automne, ce qu'elle n'a pas fait », a-t-il déclaré.

L'ancienne ministre Wilson-Raybould, qui demeure jusqu'à nouvel ordre députée de Vancouver-Granville, en Colombie-Britannique, avait informé Justin Trudeau lundi soir de sa décision de quitter le conseil des ministres.

« C'est le coeur lourd que je vous écris pour remettre ma démission en tant que ministre des Anciens Combattants et ministre associée à la Défense nationale », peut-on lire dans une lettre datée du 12 février adressée au premier ministre, qu'elle a publiée sur son site web.

Sans mentionner explicitement le dossier SNC-Lavalin dans sa missive, elle y mentionne qu'elle est « consciente que plusieurs Canadiens souhaitent (qu'elle) discute d'enjeux qui ont été dans les médias au courant de la dernière semaine ».

Et Jody Wilson-Raybould signale qu'elle a retenu les services de nul autre que Thomas Cromwell, juge à la retraite de la Cour suprême du Canada, afin de déterminer quels enjeux elle peut « légalement discuter dans cette affaire ».

Témoins

Voici la liste des témoins que le Parti conservateur et le Nouveau Parti démocratique (NPD) veulent entendre en comité.

1-Jody Wilson-Raybould, ex-ministre

2-David Lametti, ministre de la Justice et procureur général

3-Michael Wernick, greffier du Conseil privé

4-Kathleen Roussel, directrice des poursuites pénales

5-Katie Telford, chef de cabinet du premier ministre

6-Gerald Butts, secrétaire principal du premier ministre

7-Mathieu Bouchard, conseiller principal du premier ministre

8-Elder Marques, conseiller principal du premier ministre

9-Jessica Prince, chef de cabinet de l'ex-ministre des Anciens Combattants