Le gouvernement Trudeau s'est-il avéré un mauvais négociateur quand il a accepté de payer 4,4 milliards de dollars pour acheter le pipeline Trans Mountain de la société américaine Kinder Morgan l'an dernier ?

Le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, estime que la fourchette du prix de cet oléoduc de 60 ans oscillait entre 3,6 milliards de dollars et 4,6 milliards de dollars, et que le gouvernement Trudeau a donc payé dans le haut de la fourchette de la valeur de l'oléoduc.

« Le gouvernement du Canada a payé 4,4 milliards de dollars, prix qui se situe dans le haut de la fourchette de la valeur du pipeline selon notre analyse. Bien entendu, au cours de notre évaluation financière, nous avons présumé que le pipeline serait bâti dans le respect des échéanciers et du budget. Tout retard de la construction ou toute augmentation des coûts se répercutera à la baisse sur la valeur du pipeline », a déclaré le directeur parlementaire du budget en dévoilant son rapport sur cet achat jeudi matin.

Le gouvernement Trudeau a décidé d'acheter cet oléoduc l'an dernier après que la compagnie américaine Kinder Morgan eut fait savoir qu'elle ne comptait plus aller de l'avant avec les travaux d'agrandissement du pipeline à cause des batailles menées par la province de la Colombie-Britannique devant les tribunaux.

En achetant l'oléoduc, le gouvernement Trudeau s'est engagé à mener à bien les travaux d'agrandissement pour en tripler la capacité. Ces travaux sont évalués à près de 9,4 milliards de dollars, une facture que devront payer les contribuables canadiens.

Les travaux devaient commencer en août dernier, mais ils ont été mis sur la glace dans la foulée de la décision de la Cour fédérale d'appel, qui a annulé le décret autorisant les travaux parce que le gouvernement Trudeau n'avait pas consulté adéquatement les Premières nations et il avait mal évalué l'impact environnemental de ce projet.

Dans son rapport, le directeur parlementaire du budget a lui aussi présumé que le pipeline coûterait 9,3 milliards de dollars à bâtir et qu'il entrerait en service le 31 décembre 2021. Il a aussi évalué les conséquences d'un retard du projet ; si les travaux d'agrandissement sont achevés un an plus tard que prévu, la valeur du pipeline sera amputée de 700 millions de dollars.