Le Canada fera valoir demain l'importance de la protection des langues autochtones devant l'Assemblée générale des Nations unies à New York par la voix de son ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez.

« C'est un énorme privilège », s'est réjoui le principal intéressé en entrevue à La Presse. Le ministre Rodriguez prononcera son discours à l'invitation de l'ONU pour souligner le début de l'Année internationale des langues autochtones proclamée par l'UNESCO. « La question des langues autochtones est une priorité pour le Canada, et c'est reconnu », affirme-t-il.

Mais c'est surtout l'élaboration du projet de loi canadien pour la protection et la revitalisation des langues autochtones, qui doit être déposé sous peu par le gouvernement, qui a retenu l'attention de l'ONU, croit le député d'Honoré-Mercier. « C'est un projet [de loi] historique parce qu'il vise à protéger les langues de façon précise et aussi parce qu'il est co-développé avec les leaders autochtones », explique-t-il.

Le chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, le président du Conseil national des Métis, Clément Chartier, et le président de l'Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, qui ont tous contribué à la rédaction du projet de loi fédéral, se rendront aussi à New York vendredi.

« Nous voulons envoyer le message que le Canada accorde une énorme importance aux langues autochtones, à leur protection et à leur revitalisation », poursuit le ministre fédéral. « Nous voulons non seulement le faire chez nous, mais aussi être un leader sur la scène internationale en la matière [...], influencer d'autres pays qui auraient les mêmes objectifs. »

« Urgence d'agir »

M. Rodriguez a également sollicité des rencontres bilatérales, qui se tiendront en marge de sa visite, avec les dirigeants de pays « où il y a une forte population autochtone ». Des discussions avec les représentants de la Colombie et de l'Équateur sont à l'agenda. « Il y a urgence d'agir [...]. Les langues autochtones disparaissent à une vitesse très rapide », dit-il.

L'allocution de Pablo Rodriguez, qui doit durer environ cinq minutes, réaffirmera, entre autres, l'engagement du Canada envers les peuples autochtones dans la démarche de réconciliation entreprise par le gouvernement Trudeau et de sa pleine reconnaissance de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Devant l'Assemblée générale de l'ONU en septembre 2017, le premier ministre Justin Trudeau avait par ailleurs admis les « échecs successifs » des gouvernements canadiens précédents en ce qui concerne le respect des droits des Premières Nations.

Le projet de loi sur les langues autochtones sera déposé devant la Chambre des communes avant la fin de la session parlementaire, assure le ministre Rodriguez. Quelque 60 langues autochtones sont dénombrées au pays, selon le recensement de 2011 de Statistique Canada. Le trois quarts d'entre elles seraient en danger, estime Ottawa.