Une nouvelle application de type «premier arrivé, premier servi» destinée aux immigrants souhaitant parrainer leurs parents et leurs grands-parents pour leur venue au Canada est jugée «profondément discriminatoire».

Les 27 000 places du programme de regroupement familial pour 2019 ont été comblées quelques minutes seulement après la mise en ligne du formulaire de demande, lundi, laissant craindre la mise à l'écart de toute personne ayant eu de la difficulté à remplir le document rapidement - en raison d'un handicap, par exemple.

Clifford McCarten, avocat spécialisé en droit de l'immigration installé à Toronto, est l'un de ceux s'inquiétant de l'équité de l'accès au programme, car seules les personnes qui disposaient d'un accès fiable à internet, d'une dactylographie rapide et d'une bonne compréhension de l'anglais ou du français auraient pu espérer réussir.

Il a ajouté que les instructions sur le formulaire de demande de parrainage indiquaient qu'il faudrait environ 10 minutes pour le remplir, mais que le quota de l'année avait été complètement saturé en beaucoup moins de temps que cela.

L'avocat en immigration de Vancouver Will Tao a souligné pour sa part que les fausses déclarations ou les erreurs sur les formulaires d'immigration peuvent avoir de graves conséquences, de sorte que les personnes dont l'anglais ou le français est limité auraient fait preuve d'une grande prudence.

Selon M. Tao, il s'agissait «vraiment d'une recette pour un désastre, un échec colossal».

«Franchement, il y a des personnes qui n'auront eu d'aucune façon une chance égale d'accéder à ce formulaire ou à ce processus», a-t-il ajouté.

Cette application en ligne pour le programme de parrainage familial a été annoncée en août pour remplacer un processus rapidement abandonné s'apparentant à une loterie.

Avant 2017, les demandes étaient classées par ordre de priorité en fonction de la géographie et avaient de meilleures chances de succès si les familles pouvaient se permettre de payer des avocats en immigration bien au fait du fonctionnement du système.

Lors de l'annonce de cet été, le ministre de l'Immigration, Ahmed Hussen, avait soutenu que ce nouveau modèle rendrait le programme plus équitable.

Une première analyse a été effectuée lundi et aucun problème technique n'a été identifié avec le système, a affirmé Mat Genest, un porte-parole de M. Hussen.

Avec 100 000 personnes rivalisant pour 27 000 places, il y avait simplement plus de demandes que de places disponibles, a dit M. Genest.

Mais M. Tao a obtenu des informations de nouveaux arrivants et d'autres avocats qui ont tenté de s'inscrire à ce programme lundi, et a dit avoir entendu de nombreuses préoccupations au sujet de problèmes techniques.

M. Tao a dit qu'il se penche sur les implications possibles en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, étant donné les critiques sur un accès libre et équitable.