Alors qu'il a perdu certains de ses alliés provinciaux les plus fidèles au cours de la dernière année, notamment en Ontario et au Nouveau-Brunswick, le premier ministre Justin Trudeau aura demain un troisième tête-à-tête en quatre mois avec son homologue du Québec, François Legault, signe que le courant passe bien entre les deux capitales depuis l'arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec en octobre dernier.

La rencontre d'une trentaine de minutes aura lieu à Sherbrooke, jeudi matin, tout juste avant le début de la retraite de trois jours du Cabinet remanié qui doit permettre de préparer la rentrée parlementaire du 28 janvier et de revoir les grandes lignes des priorités du gouvernement libéral durant les cinq prochains mois de travaux parlementaires avant de soumettre son bilan aux électeurs en octobre.

Plusieurs dossiers sur la table

Selon des informations obtenues par La Presse, MM. Trudeau et Legault aborderont durant leur rencontre des dossiers comme l'économie, l'environnement, les investissements dans les infrastructures, l'immigration et la pénurie de main-d'oeuvre qui frappe le Québec.

Le ministre des Affaires intergouvernementales du gouvernement Trudeau, Dominic LeBlanc, et la ministre de la Justice du Québec, Sonia LeBel, qui est aussi responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie, participeront également à la rencontre.

MM. Trudeau et Legault se sont rencontrés pour la première fois peu de temps après les élections provinciales au Québec, à l'occasion du Sommet de la Francophonie qui avait lieu à Erevan, en Arménie, à la mi-octobre. Ils se sont revus lors de la conférence des premiers ministres convoquée par Justin Trudeau à Montréal à la mi-décembre.

«Nous voulons continuer de parler d'économie, d'emplois et d'infrastructures. Il y a plusieurs dossiers sur la table que l'on veut faire avancer au Québec. Pour ce qui est de l'environnement, c'est sûr que l'on cite souvent le Québec en exemple, tout comme la Colombie-Britannique. Ces deux provinces ont depuis longtemps un marché du carbone et dans ces deux provinces, l'économie va super bien. C'est un bon exemple pour les autres provinces», a indiqué à La Presse une source libérale au sujet de la rencontre de demain matin.

«Il est possible de mettre un prix sur la pollution sans que cela se fasse au détriment de l'économie. Et cela, le Québec l'a compris depuis longtemps.»

Au cours des 12 derniers mois, Justin Trudeau a perdu des alliés provinciaux tels que l'ancienne première ministre Kathleen Wynne en Ontario, défaite aux dernières élections provinciales par les progressistes-conservateurs de Doug Ford, qui s'opposent farouchement à la taxe fédérale sur le carbone entrée en vigueur le 1er janvier. L'Ontario, qui s'est aussi retiré sous Doug Ford de la bourse du carbone dont font partie le Québec et la Californie, conteste devant les tribunaux, avec la Saskatchewan, le pouvoir d'Ottawa d'imposer une telle taxe.

M. Trudeau a aussi vu son allié libéral du Nouveau-Brunswick, Brian Gallant, remplacé par le conservateur Blaine Higgs, qui s'oppose aussi à la taxe sur le carbone.

«Priorités bien alignées»

Dans les rangs libéraux, on se félicite de voir la collaboration qui s'est installée rapidement entre Ottawa et Québec sur les questions touchant l'économie et l'environnement.

«Nous souhaitons toujours une collaboration avec les provinces. Mais il faut dire que les priorités de M. Legault sont bien alignées avec les nôtres. Le courant passe aussi très bien entre les ministres des deux gouvernements sur plein de dossiers. C'est bon signe et cela démontre que nous sommes en mode collaboration», a souligné une source libérale.

«La relation est très bonne et c'est une occasion de faire avancer bien des dossiers.»

En signe de courtoisie, Justin Trudeau a toujours invité le premier ministre de la province où il tient une retraite de son cabinet. En août dernier, il a invité le premier ministre de la Colombie-Britannique John Horgan à le rencontrer à Nanaimo. Mais il n'a jamais rencontré un homologue provincial à autant de reprises dans un aussi court laps de temps.

«C'est devenu une coutume d'inviter le premier ministre de la province où se tient la retraite du Cabinet», a-t-on indiqué.

Élections en vue

Alors que le compte à rebours électoral est bien en marche, les libéraux de Justin Trudeau sont en mode séduction au Québec. Plusieurs ministres ont multiplié les annonces dans différentes régions de la province avant de converger vers Sherbrooke. 

Lundi, le premier ministre a nommé un quatrième élu de la région de Montréal à son cabinet - le ministre de la Justice David Lametti. En plus de la retraite de trois jours du Cabinet à Sherbrooke, Justin Trudeau tiendra une assemblée citoyenne vendredi soir à Saint-Hyacinthe afin de répondre aux questions des citoyens. La semaine prochaine, Justin Trudeau prononcera un discours devant la Chambre de commerce et d'industrie du Québec où il abordera le dossier de la pénurie de main-d'oeuvre et les avantages des accords de libre-échange conclus par son gouvernement. Ensuite, l'aile québécoise du Parti libéral du Canada tiendra son congrès à Québec la fin de semaine du 26 janvier.