Le premier ministre Justin Trudeau défend les longues démarches de son gouvernement quant au déploiement de centaines de Casques bleus canadiens - une décision qui risque d'être encore plus difficile à prendre à moins d'un an des élections fédérales.

Il y a plus de deux ans, les libéraux ont promis de fournir jusqu'à 600 soldats pour les missions de maintien de paix dans le cadre d'un plus large engagement visant à se réinvestir dans les Nations unies.

Et le premier ministre Justin Trudeau n'a pas réalisé deux autres promesses faites à l'ONU : celle de fournir un transport militaire en Ouganda pour aider les troupes onusiennes en Afrique, et celle de permettre le déploiement de 200 soldats de force d'intervention rapide.

M. Trudeau s'est défendu en disant que les Canadiens s'attendaient à ce que le gouvernement évalue toutes les options.

Il a assuré que les libéraux continuaient de se questionner sur les meilleurs moyens de respecter leur engagement envers l'ONU.

Le gouvernement doit considérer les besoins des Nations unies et la contribution que peut apporter le Canada pour faire une différence, a-t-il ajouté.

« Nous recherchons toujours comment le Canada peut aider autrement », a-t-il déclaré.

Un haut responsable militaire a indiqué qu'un Hercule C-130 assistant actuellement des opérations dirigées par les États-Unis contre Daech (groupe armé État islamique) au Koweït serait transféré en Ouganda environ une semaine par mois, à compter du début de l'année prochaine.

Mais toute nouvelle décision pourrait devenir plus compliquée dans les mois à venir puisque les libéraux et leurs adversaires politiques seront en mode électoral.

Les conservateurs ont critiqué le gouvernement Trudeau quant à l'apport des troupes canadiennes au maintien de la paix, jugeant que ce n'est pas dans l'intérêt du Canada et que cette décision est motivée par la volonté des libéraux d'obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations Unies.

Le gouvernement est également conscient du risque de mettre les soldats canadiens en danger lorsque les électeurs se prépareront à voter.

Le premier ministre Trudeau s'est fait demander samedi si son gouvernement s'opposait au prolongement de la mission au Mali en raison des risques pour les soldats canadiens en période électorale.

Il a insisté sur le fait que le Canada suivait le nouveau processus des Nations Unies en matière d'engagements, dans lequel les pays proposaient des unités ou des équipements particuliers adaptés à des missions de maintien de la paix spécifiques en fonction des besoins.

Mais la décision définitive sur toute mission revient en fin de compte au gouvernement.

Jocelyn Coulon, chercheur au Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal (CÉRIUM), croit que l'échéance électorale commence à avoir un impact sur les décisions du gouvernement.

« Ce sera un facteur », a assuré M. Coulon, un ancien conseiller de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion.

Il n'y a pas de date limite pour la mission du Canada en Lettonie, a-t-il ajouté, soulignant que le gouvernement avait prolongé à plusieurs reprises ses missions en Irak et en Ukraine, ce qui laisse croire que le maintien de la paix a perdu de l'intérêt pour les libéraux de Justin Trudeau.

« Il n'y a évidemment aucune volonté politique de rester au Mali, et cela explique tout », a-t-il conclu.