Il y a un peu plus d'un mois, en rentrant chez elle, une Micmaque de la première nation We'koqma'q, en Nouvelle-Écosse, a découvert le cadavre de sa fille de 22 ans, Cassidy Bernard. À côté d'elle, ses jumelles de cinq mois et demi étaient déshydratées dans leur berceau.

Pour Paula Marshall, directrice générale du Réseau de soutien juridique aux Micmacs, il s'agit d'un meurtre. Elle a raconté cette horrible scène, lundi à Halifax, alors que la ministre fédérale de la Condition féminine, Maryam Monsef, était venue annoncer un investissement de 50 millions sur cinq ans pour des programmes de lutte contre la violence fondée sur le sexe.

Mme Monsef a annoncé que 60 projets à travers le pays recevraient jusqu'à 1 million chacun sur cinq ans pour combler les lacunes en matière de soutien aux personnes ayant survécu à la violence fondée sur le sexe, mais qui sont mal desservies par les programmes actuels - les femmes autochtones, les communautés LGBTQ2, les femmes réfugiées et immigrantes, les personnes âgées, les femmes vivant dans des communautés rurales, éloignées ou nordiques, et les handicapées.

Mme Marshall a souligné que les femmes et les filles autochtones sont trois fois plus susceptibles de subir cette violence, une statistique tristement illustrée par le décès de Cassidy Bernard. Mais elle a rappelé également que les femmes noires de la Nouvelle-Écosse partagent aussi beaucoup les mêmes luttes, et sont elles aussi surreprésentées dans les prisons du pays.

«La plupart des femmes victimes de violence sont aussi des femmes marginalisées, qui luttent, a estimé la directrice de l'organisme communautaire d'aide juridique aux Micmacs. Elles mènent peut-être un style de vie à haut risque, mais cela ne veut pas dire qu'elles ne méritent ni soutien ni espoir.»

Lucille Harper, directrice d'un semblable organisme communautaire à Antigonish, a expliqué de son côté que les femmes des zones rurales sont confrontées, quant à elles, au coût du transport pour accéder aux services. Par ailleurs, dans les petites communautés - où tout le monde se connaît -, c'est le manque d'anonymat qui peut constituer un frein important pour aller chercher de l'aide.

À Halifax, ce sont les ressources qui manquent, alors que la demande est en hausse, notamment après des procès très médiatisés ou le suicide de l'adolescente Rehtaeh Parsons. Selon la directrice du centre Avalon, Jackie Stevens, la liste d'attente peut atteindre jusqu'à 18 mois pour les personnes ayant subi des violences ou des agressions durant l'enfance.

Pendant ce temps, à We'koqma'q, la police fédérale poursuit son enquête sur la mort de Cassidy Bernard, qu'elle qualifie pour l'instant de «suspecte». Le conseil de bande offre une récompense de 100 000 $ pour toute information permettant de mener à une arrestation et à une condamnation dans cette affaire.