Le député Maxime Bernier a remis en question le lien entre la production de dioxyde de carbone (CO2) par l'activité humaine et le réchauffement climatique, mercredi, une position qu'il a eu du mal à expliquer pendant un point de presse haut en couleur à Ottawa.

«Il y a des changements climatiques qui existent, mais la question est de savoir si c'est l'homme qui cause ces changements climatiques ou non, a-t-il lancé. C'est ça, la vraie question. Je ne suis pas un scientifique pour me prononcer là-dessus.»

Plus tôt en journée, le chef du Parti populaire du Canada s'en était pris sur Twitter au plan de tarification du carbone annoncé la veille par le gouvernement Trudeau. 

Ce plan obligera les gros pollueurs de quatre provinces - Ontario, Nouveau-Brunswick, Manitoba et Saskatchewan - à payer une redevance sur leurs émissions de CO2 dès 2019. Les ménages de ces provinces recevront en contrepartie des chèques pour compenser les hausses du prix de l'essence, notamment.

«Le CO2 n'est PAS de la pollution, a écrit M. Bernier sur Twitter. C'est ce qui sort de votre bouche quand vous respirez et ce qui nourrit les plantes.» 



Pas pire que la nourriture

L'ancien député conservateur en a rajouté peu après en dénonçant la «propagande débile» des libéraux sur son compte Twitter. «Le CO2 n'est pas plus de la pollution que la nourriture, quel que soit l'impact s'il y en a trop», a-t-il écrit.

Invité à préciser sa pensée quelques heures plus tard, le député de Beauce a réitéré que le CO2 en lui-même était inoffensif, et qu'il n'était pas certain que l'activité humaine soit vraiment responsable des changements climatiques.

«Tout le monde le sait que le CO2 est un gaz essentiel pour la vie, a-t-il dit en point de presse. J'émets du CO2 en ce moment en vous parlant, les plantes se nourrissent de CO2. La question est: est-ce que trop de CO2 peut devenir de la pollution?»

«Trop hydratés»

Il a tenté d'illustrer ses propos en soulignant qu'il faisait «beaucoup de sport» et buvait par conséquent une importante quantité d'eau. 

«Il y a des gens qui meurent en étant hyper hydratés, a dit M. Bernier. Donc, trop d'eau aussi que quelqu'un peut boire peut aussi causer la mort. Donc l'eau, ce n'est pas de la pollution, le CO2 c'est essentiel à la vie, le CO2, par définition, ce n'est pas de la pollution, mais trop de CO2 peut être toxique, oui.»

S'il a fini par reconnaître que l'activité économique humaine produisait du CO2, Maxime Bernier se questionne néanmoins sur les niveaux de ce gaz nécessaires pour causer des changements climatiques.

«Il y a des experts qui disent que ce n'est pas seulement l'homme, il y a d'autres experts qui disent que le soleil a un impact là-dessus, je ne suis pas un scientifique et je ne me prononcerai pas là-dessus», a-t-il conclu avant de tourner les talons pour entrer à la Chambre des communes.

1,5 degrés d'ici 2030

Le consensus scientifique est de plus en plus clair quant aux impacts de l'homme sur le réchauffement accéléré de la planète.  

Un rapport alarmant du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), publié au début du mois, a exposé les nombreuses menaces qui pèseront sur la planète si les humains n'arrivent pas à limiter ce réchauffement à 1,5 degrés Celsius.

Pour arriver à réduire la vitesse du réchauffement, le GIEC estime qu'il faudrait réduire de 45% les émissions de CO2 d'ici 2030, par rapport à leur niveau de 2010. 

Le plan de tarification du carbone du gouvernement Trudeau s'inscrit dans cette optique, a déclaré mardi le premier ministre. L'opposition conservatrice et Maxime Bernier ont tiré à boulets rouges sur une mesure qu'ils qualifient d'électoraliste.

«Ignorance crasse»

Quoi qu'il en soit, les déclarations faites mercredi par Maxime Bernier lui ont valu une volée de critiques sur Twitter et dans les couloirs du Parlement. 

«Il ne comprend rien à la science des changements climatiques, c'est de l'ignorance crasse», a dénoncé à La Presse le député néo-démocrate Alexandre Boulerice. Le bloquiste Mario Beaulieu a aussi condamné ses propos.

Maxime Bernier, élu en Beauce depuis 2006, a claqué la porte du Parti conservateur en août dernier pour fonder le Parti populaire du Canada.

Sa formation ne recueille que 1,4% des intentions de vote au pays, selon un sondage publié cette semaine par Nanos, et le Parti conservateur a promis de mettre toute la gomme pour tenter de défaire Maxime Bernier dans sa circonscription.