Le gouvernement fédéral a effacé plus de 6,3 milliards $ de prêts consentis à des étudiants et des entreprises, dont Chrysler, et les libéraux atteignent ainsi de nouveaux sommets annuels dans leurs pertes sur créances.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau avait déjà annulé quelque 3 milliards $ de créances au cours de chacune des deux dernières années ; en 2017-2018, il a facilement franchi cette barre avec un seul de ces prêts. Exportation et développement Canada a radié une somme de 2,6 milliards $ relativement à un prêt consenti à Chrysler en 2009 par le précédent gouvernement conservateur afin de maintenir à flot le constructeur automobile en difficultés.

On craignait depuis longtemps que le gouvernement fédéral ne récupère jamais les sommes accordées à Chrysler pour éviter que sa chute n'ait des conséquences économiques désastreuses au Canada. Le constructeur automobile a utilisé cet argent - un prêt de 1,125 milliard $ US - pour se restructurer. La décision de radier ce passif a été prise en mars dernier, après que les libéraux ont «épuisé tous les moyens possibles» pour recouvrer ce prêt, a déclaré lundi un porte-parole du ministre du Commerce international, Jim Carr.

Mise à part cette radiation, le gouvernement oublie également des dettes et des prêts d'un montant d'environ 1,1 milliard $, dont près de 344 millions de dollars en prêts aux étudiants que les fonctionnaires ne s'attendent pas à recouvrer.

Selon le Rapport financier annuel de 2017-2018, le gouvernement a classé comme irrécouvrables 7,4 milliards $ d'emprunts et de dettes envers le Trésor fédéral au cours de la période de 12 mois se terminant en mars - un record depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux à la fin de 2015.

Les ratés de Phénix

Le Rapport financier annuel montre par ailleurs que pendant ce temps, le gouvernement a versé 58 803 $ en dommages-intérêts et autres réclamations judiciaires liés aux ratés du système de paye Phénix.

Dans un «commentaire» publié avec le Rapport financier annuel, le vérificateur général du Canada estime que le gouvernement devait 369 millions de dollars à ses employés (parce qu'ils avaient été sous-payés), et que les employés devaient au gouvernement 246 millions de dollars (parce qu'ils avaient été payés en trop).

«Autrement dit, les erreurs de paye s'élevaient à environ 615 millions de dollars au 31 mars 2018», lit-on dans le Commentaire sur les audits financiers de 2017-2018.

Le VG Michael Ferguson estime d'ailleurs que les ratés de Phénix constituent la «tache au dossier» du gouvernement, qui «n'a toujours pas démontré d'indication qu'il a réduit l'impact des erreurs reliées à la paye» - le nombre d'employés touchés a même continué de croître.

«Au 31 mars 2017, il y avait 144 600 employés dont les demandes d'intervention de paye, au nombre de 463 600, étaient en attente, écrit le vérificateur. En mars 2018, ce nombre avait augmenté, passant à 182 500 employés touchés par 579 700 demandes d'intervention de paye.»