Le ministre des Ressources naturelles, Amarjeet Sohi, et le ministre des Finances, Bill Morneau, ne témoigneront pas en comité sur l'achat de l'oléoduc Trans Mountain.

Les libéraux ont rejeté mardi une motion conservatrice, appuyée par les néo-démocrates, lors d'une réunion d'urgence du comité permanent des ressources naturelles.

« C'est épouvantable que le bureau du premier ministre ait utilisé sa majorité libérale afin d'empêcher les questions et l'imputabilité pour la crise qu'on voit aujourd'hui », a dénoncé le député conservateur Pierre Poilievre à sa sortie.

La réunion d'urgence avait été convoquée pour discuter de l'achat par le gouvernement de l'oléoduc Trans Mountain et de son projet d'expansion. La construction de ce deuxième oléoduc a été arrêtée pour une durée indéterminée la semaine dernière par un jugement de la Cour d'appel fédérale, rendu une journée avant que le gouvernement devienne propriétaire du pipeline.

Les conservateurs voulaient savoir si le gouvernement avait bien évalué la possibilité d'un revers en cour avant de s'engager à acheter l'oléoduc avec des fonds publics.

« Comment se fait-il qu'il n'y ait aucun plan, aucune réponse, aucune étape suivante concrète pour permettre au projet d'expansion d'aller de l'avant ? » a demandé la députée conservatrice Shannon Stubbs en début de réunion. « C'est notre devoir de demander aux ministres comment le gouvernement peut ne pas s'être préparé à l'éventualité de cette décision. »

« Nous représentons tous les actionnaires et nous voulons une assemblée des actionnaires », s'est exclamé le député conservateur Pierre Poilievre.

Ils accusent les libéraux d'avoir causé la perte des 8000 emplois qui auraient été créés par la construction du pipeline.

Les contribuables canadiens sont devenus propriétaires de l'oléoduc Trans Mountain vendredi, au lendemain du jugement de la Cour d'appel fédérale. Le gouvernement en a fait l'achat pour la somme de 4,5 milliards de dollars dans le but de mener à terme la construction d'un deuxième oléoduc qui suivrait le même tracé et triplerait la quantité de pétrole albertain transporté au port de Burnaby, en Colombie-Britannique.

La Cour d'appel fédérale avait ordonné la veille à l'Office national de l'énergie (ONE) d'inclure les répercussions de la circulation accrue de navires pétroliers sur les épaulards du sud de la Colombie-Britannique dans l'évaluation de ce projet d'expansion. Elle a aussi intimé au gouvernement de reprendre la troisième étape de consultation auprès des Premières Nations touchées.

« Le jugement indique que nous avons encore un peu de travail à faire dans ces deux domaines, et c'est exactement ce que nous sommes en train d'étudier : ce que nous devons faire pour concrétiser ce projet de la bonne façon », a affirmé le premier ministre Justin Trudeau, mardi, en marge d'une conférence de presse dans la ville de Surrey en Colombie-Britannique.

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, exige plutôt que le gouvernement annule l'expansion de Trans Mountain, revoie le processus d'évaluation environnementale pour tous les projets et investisse davantage dans les énergies renouvelables.

« Pourquoi le gouvernement s'est-il empressé d'acheter cet oléoduc quelques semaines avant un jugement majeur qui pourrait invalider tout ça ? » a soulevé le député néo-démocrate Nathan Cullen à sa sortie de la réunion.

C'est une question à laquelle le comité permanent des ressources naturelles n'aura pas de réponse, du moins dans l'immédiat.

« En ce moment, on est en train de revoir la décision » de la Cour d'appel fédérale, a justifié le député libéral Paul Lefebvre, nouvellement nommé secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles.

« C'est une décision de 275 pages, a-t-il ajouté. On l'a eue jeudi dernier, ça fait cinq jours. Il y a beaucoup d'information à revoir. Toutes les options sont sur la table. »

Le gouvernement n'a toujours pas indiqué s'il contesterait ce jugement en Cour suprême.