Matthieu Brien, arrêté pour entrave après une altercation avec le premier ministre du Canada, a annoncé mercredi son intention de se présenter comme candidat à l'investiture du Bloc québécois dans la circonscription de Papineau, qui est justement celle de Justin Trudeau.

M. Brien a fait l'annonce devant le palais de justice de Montréal où il s'était présenté devant le tribunal, plus tôt en matinée, en lien avec son dossier criminel. Il avait déjà plaidé non coupable au chef d'accusation porté contre lui.

Mercredi, son avocat, Marc Michaud, a fait enlever l'une des conditions lui ayant été imposées, soit celle restreignant toute activité politique et lui interdisant de se rendre dans des lieux où peuvent se trouver des politiciens.

La condition selon laquelle il ne doit pas communiquer directement ou indirectement avec Justin Trudeau demeure.

Me Michaud n'en fait pas grand cas. «Ce n'est pas dans l'agenda de mon client d'aller souper avec Justin Trudeau dans les prochains jours», a-t-il déclaré avec le sourire.

Me Michaud a aussi fait part au tribunal de son intention de présenter une requête en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés pour faire tomber l'accusation portée contre M. Brien, en raison de la détention abusive dont il a été victime, dit-il.

Il a été détenu en plein soleil dans une voiture de police pendant une heure, puis il a été gardé au poste de police jusqu'au lendemain matin, a fait valoir l'avocat de M. Brien, soulignant qu'il aurait dû être libéré rapidement avec une promesse de comparaître.

Matthieu Brien se trouvait au parc Jarry, à Montréal, pour la fête nationale du Québec, en juin dernier. Il était irrité que les employés de la firme de sécurité qui accueillaient et fouillaient les gens ne parlaient pas français. Il a alors demandé au premier ministre s'il était venu lui parler en anglais. Il lui a ironiquement fait remarquer que sa fête (la fête du Canada) aura lieu la semaine suivante. M. Trudeau lui a répondu devant les caméras qu'il était chez lui. L'homme a rapidement été éloigné par les gardes du corps du premier ministre et ce qui s'est déroulé par la suite a valu à M. Brien une accusation d'entrave à un agent de la paix, a expliqué Me Michaud.

«Il n'y a pas eu de geste vindicatif (de sa part), a-t-il souligné. Mon client nie toute entrave.»

En annonçant qu'il briguerait l'investiture dans Papineau, M. Brien a invité «tous les patriotes du Québec» à prendre leur carte de membre de Bloc québécois, et à militer pour la formation politique dans la circonscription.

Interrogé à savoir s'il avait décidé de briguer l'investiture dans Papineau en raison de l'altercation avec M. Trudeau et son arrestation qui a suivi, M. Brien a commencé par dire que cela faisait déjà trois ans qu'il y songeait, mais que les récents événements ont confirmé ses intentions.

«Par la force des choses, de tout ce qui en a découlé par la suite, c'est venu confirmer effectivement que je serais la bonne personne, symboliquement, pour me présenter comme opposant officiel», a-t-il dit.

Et puis, il habite dans la circonscription fédérale de Papineau. Il s'était d'ailleurs déjà présenté à l'investiture pour le Bloc dans ce même comté en 2015, mais avait perdu face à son adversaire, a-t-il rapporté mercredi.

«Effectivement, je savais bien qu'en m'adressant à lui (Justin Trudeau), devant les caméras et tout, je ne savais pas l'ampleur que ça prendrait, mais je savais bien que ça allait être filmé et que ça allait provoquer probablement des réactions de la population», a-t-il convenu.

Il se dit prêt à affronter le premier ministre en 2019.

«Même si ça peut paraître un petit peu grand pour l'instant, ça demeure possible du moins de lui faire une opposition légitime et nécessaire.»

M. Brien doit se représenter en cour le 7 février 2019.

Une manifestation en soutien à Matthieu Brien 

Alors que comparaissait M. Brien, une vingtaine de personnes, dont des sympathisants des groupes identitaires Storm Alliance et Independence Day, ont manifesté dans la matinée devant le Palais de justice de Montréal en soutien à l'accusé et pour la liberté d'expression. Une poignée de membres de la milice des III% étaient venus pour « assurer la sécurité des manifestants ». 

Plusieurs manifestants portaient des pancartes à l'effigie de Justin Trudeau affublé des oreilles de Mickey Mouse. Un des participants déplorait l'état de la liberté d'expression dû aux « gouvernements et des médias de masse. » 

- Avec Amin Guidara, La Presse

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Quelques personnes sont allées appuyer mercredi Matthieu Brien devant le palais de justice de Montréal.