Le gouvernement Trudeau devra mettre les bouchées doubles au cours des 12 prochains mois afin de pourvoir de nombreux postes vacants au sein de l'appareil d'État avant les prochaines élections, prévient le Bureau du Conseil privé dans une synthèse des nominations «à faire avant octobre 2019».

Déjà critiqué pour sa lenteur à pourvoir des postes névralgiques depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le cabinet du premier ministre Justin Trudeau s'est fait rappeler par les mandarins fédéraux que l'échéance électorale arrive à grands pas et qu'il lui reste beaucoup de pain sur la planche au chapitre des nominations, démontrent des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

La liste des nominations à venir dressée par le Bureau du Conseil privé est en effet assez longue. Des postes de sénateurs (neuf sièges sont toujours vacants), de greffier du Sénat, de sergent d'armes, de présidents de Téléfilm Canada, du Centre de recherche pour le développement international, du Conseil canadien de recherche, de la Fondation canadienne des relations raciales et de la Commission de la capitale nationale ainsi qu'un poste de directeur du Musée des beaux-arts du Canada sont à pourvoir.

Une longue liste

Des postes importants sont aussi à pourvoir au sein de sociétés d'État. Ainsi, le gouvernement Trudeau devra nommer un nouveau président de la Société canadienne des postes, de nouveaux PDG de la Monnaie royale canadienne, de Via Rail et de la Régie canadienne de l'énergie, et également désigner un nouveau président pour Exportation et développement Canada, entre autres.

En matière de justice, le gouvernement libéral devra nommer de nouveaux membres à la Commission des libérations conditionnelles, à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié et au Tribunal de la sécurité sociale. Il faut aussi nommer un nouveau directeur adjoint des poursuites pénales et un nouvel ombudsman au ministère de la Défense nationale.

Résultat : une quarantaine d'organisations de l'appareil d'État comptent des postes vacants. Certes, le cabinet procède à des centaines de nominations chaque année, certaines moins névralgiques que d'autres. Mais le gouvernement Trudeau s'est démarqué des précédents gouvernements en tardant à en faire certaines jugées importantes.

À titre d'exemple, il a mis plus d'un an à pourvoir le poste de directeur d'Élections Canada - un poste pourvu au printemps seulement -, alors que l'ancien chien de garde de la démocratie canadienne, Marc Mayrand, avait donné au gouvernement libéral un avis d'environ 12 mois qu'il comptait tirer sa révérence avant le prochain scrutin. Cette lenteur avait mené un ancien directeur d'Élections Canada, Jean-Pierre Kingsley, à déclarer : «C'est un manque de conscience démocratique de la part d'un gouvernement que je trouve inacceptable.»

Nommer un plus grand nombre de femmes

Le gouvernement Trudeau a mis la même lenteur à pourvoir des postes importants comme ceux de commissaire aux langues officielles, de conseiller à l'éthique et aux conflits d'intérêts et de commissaire à l'information. Les libéraux ont répondu à leurs détracteurs qu'ils avaient fait des efforts pour élargir l'accès à ces postes à l'ensemble des Canadiens, et pour y nommer un plus grand nombre de femmes.

Fait intéressant, si le premier ministre Justin Trudeau pourvoit les postes vacants au Sénat avant les prochaines élections, il détiendra le record du plus grand nombre de nominations au Sénat durant un premier mandat. Jusqu'ici, M. Trudeau a nommé 38 sénateurs dits indépendants, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas affiliés au caucus libéral. Mais il pourrait avoir nommé près de la moitié des sénateurs qui siègent à la Chambre haute d'ici les prochaines élections (52 sénateurs) en pourvoyant les neuf postes vacants et en remplaçant les cinq sénateurs qui doivent prendre leur retraite d'ici octobre 2019, selon nos informations. Le Sénat compte en tout 105 sièges.

Si M. Trudeau réussit à établir cette marque, c'est en grande partie à cause de l'ancien premier ministre conservateur Stephen Harper, qui avait décidé de ne pas pourvoir les sièges vacants à la Chambre haute durant la dernière partie de son dernier mandat à la suite du scandale des dépenses qui avait éclaboussé plusieurs sénateurs que son gouvernement avait nommés.

- Avec William Leclerc, La Presse