Le système de triage promis depuis avril par Ottawa pour réorienter rapidement les demandeurs d'asile qui traversent la frontière de façon irrégulière, surtout au Québec, devrait finalement être en place d'ici le 30 septembre, soutient le gouvernement fédéral.

Ottawa explique qu'il doit travailler directement avec des municipalités de l'Ontario et déterminer la capacité de logement disponible avant de pouvoir amorcer son programme de triage, destiné à atténuer la pression sur les refuges et le logement temporaire à Montréal et Toronto.

Le gouvernement fédéral avait annoncé ce système de triage en avril, à la suite de préoccupations soulevées par le Québec au sujet d'un afflux de demandeurs d'asile, qui surpeuplaient les refuges à Montréal. Depuis ce temps, Toronto a également vu une vague de réfugiés converger vers ses refuges pour itinérants et ses résidences d'étudiants. Le gouvernement du Québec et la Ville de Toronto ont tous deux demandé l'aide du gouvernement fédéral.

Ottawa a promis de mettre en place un système de triage, qui doit permettre d'identifier sur-le-champ les demandeurs d'asile prêts à s'installer ailleurs qu'à Montréal ou Toronto en attendant l'examen de leur dossier. En mai, Ottawa soutenait que son projet était retardé en raison des élections provinciales du printemps en Ontario. Aujourd'hui, le gouvernement de Justin Trudeau soutient que le nouveau gouvernement de Doug Ford ne collabore pas, et qu'il doit donc se tourner directement vers les municipalités afin de trouver des solutions de logement.

Pendant ce temps, Ottawa paie la note d'hôtel pour loger environ 500 demandeurs d'asile dans des banlieues de Toronto, puisque les résidences d'étudiants doivent être libérées avant le 9 août. Le contrat avec ces hôtels s'étend jusqu'au 30 septembre, mais les autorités fédérales espèrent avoir mis en place d'ici là leur système de triage, a indiqué dans un courriel Mathieu Genest, attaché de presse du ministre de l'Immigration, Ahmed Hussen.

Plus tôt ce mois-ci, le maire de Toronto, John Tory, a demandé à des maires d'autres grandes villes de l'Ontario d'identifier des lieux ou des installations susceptibles d'être transformés en logements temporaires.

Mais tout le monde n'est pas prêt à accueillir des réfugiés. Lors d'une manifestation le week-end dernier à Markham, en banlieue de Toronto, des opposants ont dénoncé tout projet de loger des «illégaux» dans leur communauté. Les manifestants en sont même venus aux poings avec des contre-manifestants.

La porte-parole néo-démocrate en matière d'immigration à Ottawa, Jenny Kwan, croit que la réaction contre les migrants irréguliers est le résultat de tensions causées par un manque de planification et de leadership du gouvernement fédéral.

«Le fait d'appeler les demandeurs d'asile des "illégaux" envenime vraiment la situation, crée des sentiments négatifs et déshumanise les demandeurs d'asile», a-t-elle dit, en notant que le premier ministre Trudeau et le ministre Hussen avaient tous les deux évoqué parfois la migration irrégulière comme étant «illégale».