La menace du président Donald Trump de déchirer l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) causerait des souffrances économiques aux États-Unis dans une décision qui serait également épouvantable sur le plan politique, a déclaré le premier ministre Justin Trudeau, mercredi, à Chicago.

Des millions de travailleurs américains seraient affectés, et leur quotidien serait perturbé à court terme par l'entremise d'un resserrement de la frontière et d'une incertitude accrue, même si le Canada et les États-Unis devaient finaliser une entente au bout du compte, a dit M. Trudeau.

S'adressant à un groupe de responsables gouvernementaux et d'étudiants du Midwest - dont certains sont sceptiques à l'idée que le libre-échange puisse les aider -, M. Trudeau a affirmé que mettre fin au libre-échange entre le Canada et les États-Unis causerait du tort aux riches, mais nuirait également aux occasions d'avenir pour la classe moyenne aux États-Unis.

Le premier ministre a argué que la promotion du libre-échange n'avait pas été faite adéquatement, ce qui aurait contribué à l'anxiété économique ressentie par les étudiants et d'autres Américains. La clé pour réduire la colère à l'égard de la mondialisation est de s'assurer que les règles et les politiques sur le commerce font en sorte que tout le monde en tire des bénéfices, a-t-il déclaré.

M. Trudeau a brossé un portrait positif de l'ALENA tant pour le Canada que pour les États-Unis, mais a indiqué clairement que le Canada ne se ferait pas intimider pour signer une entente à tout prix.

«Le défi n'est pas une entente contre aucune entente. C'est de déterminer comment s'assurer que ce soit bénéfique pour les citoyens et les travailleurs qui n'ont pas le sentiment d'avoir été adéquatement soutenus au cours des dernières années», a dit M. Trudeau durant un événement à l'Université de Chicago.

Le premier ministre a dit s'inquiéter de la proposition américaine d'une clause «crépusculaire» de cinq ans qui créerait de l'incertitude et freinerait les investissements.

«Nous savons que nous pouvons travailler pour obtenir une bonne entente, mais nous savons aussi que nous ne serons pas coincés dans l'acceptation de n'importe quelle entente», a dit M. Trudeau.

«L'absence d'une entente pourrait très bien être mieux pour le Canada qu'une mauvaise entente. Et être ferme là-dessus, je crois, est ce à quoi s'attendent les Canadiens», a-t-il ajouté.

Le premier ministre Trudeau a entamé mercredi une visite de quatre jours aux États-Unis.

Il visite notamment des États «bleus» qui pourraient être plus réceptifs à ses positions concernant le commerce et l'environnement.

Les villes de Chicago, de San Francisco et de Los Angeles ont largement voté pour Hillary Clinton en 2016 et elles devraient former des bastions démocrates lors des élections de mi-mandat plus tard cette année.

Lors du premier arrêt de M. Trudeau, mercredi à Chicago, un petit groupe de manifestants s'est réuni devant l'université pour inciter le premier ministre à respecter sa promesse d'exiger des protections plus robustes pour l'environnement et les travailleurs au sein d'une nouvelle mouture de l'ALENA.

À San Francisco, M. Trudeau rencontrera plusieurs leaders du secteur technologique, dont le patron d'Amazon, Jeff Bezos.

À Los Angeles, il prononcera vendredi un discours vantant les bienfaits du libre-échange devant des dirigeants locaux, à la Bibliothèque nationale Ronald-Reagan.