Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, affirme qu'Ottawa est prêt à investir une somme « substantielle » pour la construction d'une voie de contournement du chemin de fer à Lac-Mégantic, et qu'il tient à régler tous les détails de ce projet avant le cinquième anniversaire de la tragédie ferroviaire qui a coûté la vie à 47 personnes en juillet 2013.

Dans une entrevue accordée à La Presse depuis Israël, où il effectue une visite de trois jours, le ministre Marc Garneau a indiqué que le gouvernement fédéral a déjà mis de côté les fonds pour financer une bonne partie des coûts liés à la construction de cette voie et il presse le gouvernement Couillard à participer aussi au financement du projet.

Selon certaines estimations, la construction d'une telle voie pourrait coûter 130 millions de dollars. Le ministre a toutefois refusé de dire combien exactement le gouvernement fédéral est prêt à mettre sur la table au motif que les pourparlers entre Ottawa et Québec sur la question du partage de la facture ne sont pas encore terminés.

« Le gouvernement fédéral est prêt à contribuer un montant substantiel pour la construction d'une voie de contournement à Lac-Mégantic. C'est un dossier sur lequel je travaille depuis que je suis au ministère des Transports. C'est un dossier qui est extrêmement important pour moi. J'ai effectué trois visites à Lac-Mégantic. J'ai rencontré les gens et répondu à leurs questions. Et j'ai constaté que pour eux, c'est quelque chose qui continue de les affecter et qui les traumatise encore », a affirmé le ministre Garneau.

« Notre gouvernement reconnaît qu'il s'agit de circonstances exceptionnelles et qu'il faut construire une voie de contournement. Il reste encore des petits détails à régler. La ville elle-même gère des études depuis un certain temps. C'est presque terminé. Il y a aussi la question de partage des coûts avec la province. Le gouvernement du Québec se dit prêt à contribuer. Ces détails-là, je veux les régler avant le cinquième anniversaire » de la tragédie, a ajouté M. Garneau.

Si le premier ministre du Québec Philippe Couillard affirmait plus tôt cette semaine qu'un tel projet relevait de la « responsabilité première » du gouvernement fédéral, le ministre Garneau estime qu'il s'agit « d'un chantier de reconstruction sociale » qui permettra aux résidants de Lac-Mégantic de mieux tourner la page sur ces tristes événements.

Il a souligné que des études démontrent que les citoyens de Lac-Mégantic éprouvent toujours du stress et de l'anxiété à cause de cette tragédie ferroviaire parce que le chemin de fer traverse encore le centre-ville de cette municipalité. « C'est un rappel quotidien d'une situation qui a bouleversé la ville de Lac-Mégantic », a dit M. Garneau, estimant que la construction d'une voie de contournement est essentielle.

« Pour moi, cette voie est beaucoup plus qu'un projet d'infrastructure ferroviaire. Il s'agit plutôt d'un chantier de reconstruction sociale pour les Méganticois. La tragédie du 6 juillet restera à jamais gravée dans la mémoire de l'ensemble des Canadiens. Je veux donc que les Méganticois sachent que nous les avons entendus et que nous sommes derrière eux. J'invite maintenant les paliers provinciaux et municipaux à nous suivre pour compléter ce projet dans les plus brefs délais », a affirmé le ministre.

Dans la foulée de l'acquittement, vendredi, de trois anciens employés de la compagnie ferroviaire MMA, qui étaient accusés de négligence criminelle causant la mort de 47 personnes, la mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morin, a lancé un appel au gouvernement du Québec et au gouvernement fédéral pour qu'ils confirment dans les plus brefs délais que le projet de construction d'une voie de contournement ira de l'avant. Dans une entrevue au Journal de Québec, elle avait exprimé le souhait que cette question soit réglée au plus tard avant le cinquième anniversaire de la tragédie.

Actuellement en tournée en Chine, le premier ministre du Québec Philippe Couillard a confirmé s'être entretenu avec Mme Morin à ce sujet avant son départ. Il a déclaré aux journalistes qui l'accompagnent que ce dossier fait l'objet de discussions entre Québec et Ottawa. « On va être dans l'histoire, mais on ne va pas être tout seul dans l'histoire parce que ça, c'est un chemin de fer qui est interprovincial, donc par définition, c'est une juridiction fédérale », a-t-il notamment affirmé. « C'est leur responsabilité première ».