Le premier ministre Justin Trudeau et ses collègues libéraux sont attendus mardi à Kelowna, en Colombie-Britannique, pour une retraite de deux jours lors de laquelle ils discuteront de la stratégie à adopter à la reprise des travaux à la Chambre des communes, dans deux semaines.

Les députés libéraux s'attendent à des confrontations cet automne sur un certain nombre d'enjeux, notamment sur les propositions controversées visant à éliminer les échappatoires fiscales qui permettent aux petites entreprises florissantes d'obtenir un avantage fiscal injuste.

Ils s'attendent aussi à voir les conservateurs raviver la colère publique au sujet de la décision du premier ministre de verser des millions en indemnisation à Omar Khadr, l'ex-détenu de la prison américaine de Guantanamo, à Cuba. Ils devraient aussi essuyer des critiques liées au flot de demandeurs d'asile qui ont traversé la frontière de façon irrégulière et au fiasco du système de paie Phénix, qui a fait en sorte que des fonctionnaires ont été payés trop, trop peu ou pas du tout.

C'est sans compter, en plus, les dossiers chauds de la saison à venir, incluant l'adoption d'un projet de loi visant à légaliser la marijuana d'ici juillet prochain, un échéancier serré qui fait face à la résistance de certaines provinces.

Tous ces enjeux se pointent alors que les libéraux arrivent à la moitié de leur mandat, et que tous les partis commenceront à fourbir leurs armes en prévision des prochaines élections fédérales, dans deux ans.

Malgré tout, les députés libéraux semblent optimistes quant à leur capacité d'éteindre tous les feux politiques qui s'allumeront devant eux. L'économie commence enfin à montrer des signes de vigueur, la popularité de Justin Trudeau demeure élevée et les électeurs, selon les députés d'arrière-ban, sont relativement satisfaits.

Les relations avec Trump

La gestion par le premier ministre des relations avec l'imprévisible président des États-Unis, Donald Trump, a été le sujet le plus souvent abordé lors de la saison des barbecues estivaux, affirme le député torontois John McKay, et même «ceux qui sont pathologiquement enclins à détester M. Trudeau» lui ont lancé des éloges à ce sujet. Son collègue de Toronto Rob Oliphant croit lui aussi que le premier ministre a bénéficié des comparaisons avec Donald Trump.

Le député de Gatineau, Steve MacKinnon, est également d'avis que les libéraux sont «plutôt en bonne position», surtout au Québec, mais il rappelle qu'il existe «beaucoup d'instabilité» chez les électeurs, de sorte que son parti ne doit pas s'asseoir sur ses lauriers.

Les libéraux prennent ainsi au sérieux la révolte des médecins, des avocats, des agriculteurs, des planificateurs financiers, des constructeurs d'habitations, des commerçants et des propriétaires de petites entreprises, qui ont abordé les députés au cours de l'été pour se plaindre des modifications fiscales proposées.

«Je ne sais pas, à ce stade-ci, à quel point les propositions sont coulées dans le béton, mais je sais qu'il y a une colère certaine chez un groupe relativement influent de personnes», a souligné M. McKay, ajoutant que ces gens seront «vraiment irrités» si les consultations sur les propositions, ouvertes jusqu'au 2 octobre, ne se traduisent pas par des changements.

Les travaux de la Chambre des communes doivent reprendre le 18 septembre.