Le gouvernement Trudeau n'a pas obtenu le mandat des Canadiens au dernier scrutin pour privatiser les grands aéroports du pays, a soutenu hier le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair.

À deux jours du dépôt du budget du ministre des Finances Bill Morneau, M. Mulcair a pressé le gouvernement libéral d'écarter du revers de la main cette option qui pourrait rapporter jusqu'à 16 milliards de dollars au trésor fédéral, selon une récente étude menée par l'Institut C.D. Howe.

Le premier ministre Justin Trudeau est demeuré volontairement vague au sujet des intentions de son gouvernement. Mais selon La Presse canadienne, qui cite une source au ministère des Finances, la mesure ne figurera pas dans le budget Morneau.

RARE UNANIMITÉ

Quoi qu'il en soit, hier, on a pu assister à une rare unanimité de la part des partis de l'opposition quant à la justesse de privatiser les aéroports du pays.

Le Parti conservateur, le NPD et le Bloc québécois ont en effet critiqué une telle option, estimant que cela ne serait guère dans l'intérêt des Canadiens de vendre les installations aéroportuaires du pays à des investisseurs privés, même si cela pourrait rapporter une somme importante qui pourrait financer les opérations de la Banque de l'infrastructure que veut mettre sur pied le gouvernement Trudeau.

« Le premier ministre n'a pas le mandat de faire cela », a fait valoir hier aux Communes le chef du NPD Thomas Mulcair, soulignant que cela ne faisait pas explicitement partie du programme électoral des libéraux au dernier scrutin.

« Où, dans le programme, les libéraux ont-ils promis de privatiser les aéroports ? Nulle part. Ils n'en ont jamais parlé », a ajouté M. Mulcair, invitant au passage le premier ministre à écarter cette mesure.

« La privatisation des aéroports, ce n'est pas un fin détail. Cela va augmenter les frais pour les passagers des lignes aériennes partout au Canada », a dit Thomas Mulcair, chef du NPD.

M. Trudeau a invité le chef du NPD à faire preuve de patience, le budget fédéral devant être déposé demain.

Le gouvernement libéral alimente les craintes et les suspicions des partis de l'opposition et des dirigeants des autorités aéroportuaires depuis qu'il a commandé à la firme Crédit Suisse, en septembre dernier, une étude visant à analyser les avantages et les inconvénients de privatiser les 26 grands aéroports du pays.

DE 7,2 À 16,6 MILLIARDS

Le mois dernier, l'Institut C.D. Howe a affirmé dans une étude que la privatisation de ces actifs pourrait rapporter au trésor fédéral de 7,2 à 16,6 milliards - une somme qui pourrait être utilisée pour financer les activités de la nouvelle Banque de l'infrastructure que veut lancer le ministre des Finances d'ici la fin de l'année. Le C.D. Howe est arrivé à ces estimations en se fondant sur des opérations du même acabit qui ont eu lieu en Europe, en Nouvelle-Zélande et en Australie au cours des dernières années.

Le Parti conservateur veut mettre le holà à toute démarche visant à privatiser les aéroports du pays en déposant aujourd'hui une motion en ce sens.

- Avec Maxime Bergeron, La Presse, et La Presse canadienne