Alors qu'Ottawa se remet tout juste d'une brèche informatique qui a paralysé plusieurs sites web fédéraux, des documents obtenus par La Presse révèlent que les équipements de cybersurveillance canadiens dans l'espace font face à une « menace grandissante » de la part d'attaquants « patients » et « persistants ».

Une faille détectée jeudi dernier sur le site de Statistique Canada a poussé Ottawa à fermer temporairement plusieurs sites pendant tout le week-end, dont celui de l'Agence du revenu. Or, pour une intrusion réussie dans ses sites web, Ottawa affronte chaque jour au moins 100 millions de tentatives d'accès malveillantes, soulignent des notes destinées au ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, obtenues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Dans ce contexte tendu, Ottawa fourbit - littéralement - ses armes contre les cyberattaques. « Militairement, les menaces informatiques sont une priorité pour la Défense nationale et les Forces armées canadiennes, et développer davantage les capacités des Forces armées à fonctionner efficacement dans le cyberespace est une priorité-clé », indique le document.

Les menaces informatiques « les plus sophistiquées » proviennent des services secrets et des armées de pays étrangers, précisent les notes du ministre Sajjan.

« Dans la plupart des cas, ces attaquants possèdent des ressources abondantes, et ils sont patients et persistants. Leur but est de gagner des avantages politiques, économiques, commerciaux ou militaires. »

MENACE GRANDISSANTE

L'armée canadienne dit avoir réalisé des « investissements significatifs » pour améliorer ses capacités de surveillance dans l'espace, qui font face à une « menace grandissante ».

« Les menaces incluent la météo dans l'espace, les débris spatiaux ainsi que les contre-programmes spatiaux qui sont en développement par quelques pays. » - Extrait du document

La valse des millions se poursuivra à Ottawa, confirment les notes du ministre Sajjan. Les Forces armées et la Défense nationale développent en ce moment des projets spatiaux « significatifs », et seront « à l'avant-garde de certains des plus gros projets du gouvernement du Canada en lien avec l'espace dans les quelques prochaines années ».

La Défense nationale et les Forces armées constituent « les plus importants » utilisateurs des capacités spatiales canadiennes, précisent aussi les documents. Plusieurs des projets annoncés ces dernières années visent à assurer une meilleure défense de l'Arctique, et une meilleure coordination des opérations militaires canadiennes à l'étranger.

Les Forces armées travaillent en étroite collaboration avec le ministère de la Sécurité publique, les Affaires étrangères, le Centre de la sécurité des télécommunications et Services partagés Canada pour essayer de contrer les cyberattaques.

- Avec la collaboration de William Leclerc

Archives, La Presse

Pour une intrusion réussie dans ses sites web, Ottawa affronte chaque jour au moins 100 millions de tentatives d'accès malveillantes, soulignent des notes destinées au ministre de la Défense nationale, Harjit Sajjan, obtenues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.cybersecurity, cyber, securite, surveillance

Quatre projets canadiens dans l'espace

Projet Sapphire

Les Forces armées et la Défense nationale ont lancé en février 2013 Sapphire, leur premier satellite militaire. L'engin est équipé de senseurs pour détecter des objets dans l'espace profond, à plus de 6000 kilomètres de hauteur. Il s'agit du seul satellite étranger à contribuer au US Space Surveillance Network. Un deuxième satellite de la même gamme est à l'étude.

Projet des télécommunications militaires protégées par satellite

Ce projet très avancé au plan technique prévoit « l'obtention d'un système de télécommunications militaires par satellite canadien dans la bande des fréquences extrêmement hautes qui résiste au brouillage et qui permet aux Forces armées canadiennes de communiquer pratiquement partout dans le monde en toute sécurité » précise le gouvernement. L'achèvement est prévu au printemps 2021.

Projet Polar

Ottawa a autorisé l'été dernier un contrat de 49 millions de dollars pour la fabrication d'un système de surveillance, qui utilisera les images captées par les trois satellites de la mission de la Constellation RADARSAT. Ce réseau fournira à l'armée canadienne « une source nationale de données d'observation depuis l'espace, améliorant de façon importante leur capacité à repérer, à identifier et à surveiller les navires depuis l'espace en temps quasi réel », selon le gouvernement.

Projet Mercury Global

Ce projet représente la participation du Canada au Système mondial de communications par satellite à large bande. Le réseau de six satellites, construit en partenariat avec les États-Unis et le Danemark, notamment, sera porté à neuf satellites l'an prochain. Il vise à faciliter les communications pour les opérations militaires stratégiques.