Le gouvernement Trudeau «croit profondément à la liberté de presse», mais il ne précise pas si des journalistes font actuellement l'objet d'une surveillance des corps policiers fédéraux.

Dans la foulée de l'affaire Patrick Lagacé, le chef du Nouveau Parti démocratique Thomas Mulcair demande des comptes au gouvernement Trudeau à savoir si des journalistes «font actuellement l'objet d'une surveillance» des corps policiers fédéraux.

«Quand on a appris que la GRC a fait de la filature dans le cas du journaliste Joël-Denis Bellavance [en 2007 et en 2008], le premier ministre [Justin Trudeau] a refusé de mener une enquête. Le ministre de la Sécurité publique peut-il nous dire clairement si d'autres journalistes font actuellement l'objet d'une surveillance de la GRC et du SCRS?», a demandé le chef du NPD Thomas Mulcair cet après-midi à la Chambre des communes. 

Le gouvernement Trudeau n'a pas précisé durant la période de questions si des journalistes font actuellement l'objet d'une surveillance de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et du Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS). «Nous croyons profondément à la liberté de presse, un jugement de la Cour suprême a établi les règles et notre directive ministérielle [en matière d'enquêtes policiers sur la sécurité nationale] reflète les plus hauts standards», a répondu le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale. 

«Défendre cette liberté veut dire faire quelque chose et le ministre n'a rien fait, c'est la réalité», dit le chef du NPD Thomas Mulcair.

Au contraire du gouvernement du gouvernement du Québec qui a annoncé des mesures aujourd'hui élevant les journalistes au même statut que les juges, les députés et les avocats pour l'obtention d'un mandat de surveillance/perquisition à leur égard, Ottawa n'a pas annoncé de changements aux procédures que doivent suivre les corps policiers fédéraux afin d'obtenir un mandat à l'égard des journalistes. Depuis 2003, une directive ministérielle demande aux forces policières de porter une « attention spéciale » au statut des médias dans le cadre d'enquêtes sur la sécurité nationale. 

Cette directive ministérielle, qui s'applique uniquement dans les enquêtes de sécurité nationale, n'avait toutefois pas empêché la GRC d'autoriser la filature de deux journalistes de La Presse, Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin, en 2007 et en 2008 (la filature n'a pas eu lieu en 2008, mais avait été autorisée). « C'était un cas clair où les règles en vigueur n'ont pas été suivies [par la GRC] », a dit le ministre Goodale en entrevue hier. 

En 2016, la GRC s'est aussi adressée aux tribunaux ontariens pour qu'un journaliste de VICE lui remette du matériel journalistique sur une personne soupçonnée de terrorisme. VICE a fait appel de la décision d'un tribunal ontarien donnant raison à la GRC. Le ministre Goodale, qui n'a pas voulu commenter commenter des cas précis, faisait valoir hier que « les cas vont suivre leur cours pour voir s'ils respectent les critères de la Cour suprême » en matière de protection du matériel et des sources journalistiques.