Le gouvernement Trudeau écarte l'idée de maintenir à 6% la hausse annuelle des transferts aux provinces en matière de santé, comme c'était le cas depuis 10 ans, parce que les milliards de dollars de plus qui ont été versés aux provinces dans le passé n'ont pas été injectés en totalité dans le régime de soins de santé.

Malgré la colère des provinces, en particulier du Québec, le premier ministre Justin Trudeau est resté fermement campé sur sa position, lundi, alors que la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, doit rencontrer ses homologues provinciaux à Toronto aujourd'hui afin de discuter de la délicate question des transferts fédéraux.

À partir de 2017, donc, la hausse annuelle des transferts en santé sera de 3%, a martelé le premier ministre. Cette augmentation avait été décrétée en 2014 par l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.

M. Trudeau a d'ailleurs reproché au gouvernement Harper de n'avoir pas pris les moyens de s'assurer que les provinces utilisent l'argent supplémentaire versé par Ottawa pour la santé. «L'approche de Stephen Harper en matière de santé consistait à écrire un chèque et ne pas vérifier si l'argent était utilisé pour les soins de santé. Les Canadiens s'attendent à ce que l'argent frais investi par le gouvernement fédéral pour la santé soit en fait utilisé pour la santé», a déclaré M. Trudeau.

Les médecins soutiennent le PLQ

Les médecins de famille du Québec ne sont pas d'accord avec le gouvernement Trudeau et soutiennent plutôt la position du gouvernement Couillard. «La position du Québec, c'est la meilleure position dans l'intérêt de nos patients», a affirmé le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), en entrevue à La Presse.

«Le Québec doit avoir une pleine autonomie. [...] Le fédéral doit faire sa part dans le financement, une partie de nos impôts va à Ottawa», a ajouté le Dr Godin.

Selon la FMOQ, une hausse annuelle de 6% des transferts fédéraux est «nécessaire pour maintenir le niveau de services». «Si on coupe les transferts fédéraux, quelque part, ça va vouloir dire moins d'argent dans le système et des services qu'on ne pourra pas offrir», a précisé le Dr Godin.

De son côté, l'Association médicale canadienne (AMC), qui regroupe 83 000 médecins membres au pays, dont 5000 au Québec, se range derrière le plan du gouvernement Trudeau. «Comme le problème [d'adapter le système de santé à une population plus âgée] est pancanadien, c'est la responsabilité du fédéral de le régler. Le fédéral n'est pas un guichet automatique, ce sont des gens élus», a affirmé le Dr Laurent Marcoux, président désigné de l'AMC pour 2017.

La Fédération des médecins spécialistes du Québec n'a pas rappelé La Presse, tandis que le Collège des médecins du Québec n'a pas voulu commenter ce dossier «d'organisation des soins de santé».