Le gouvernement libéral jure que seuls les ministres seront contraints de suivre la ligne de parti lors du vote sur le projet de loi fédéral encadrant l'aide médicale à mourir.

Le leader du gouvernement en Chambre, Dominic LeBlanc, a réaffirmé le tout mercredi, après que l'un des secrétaires parlementaires eut affirmé un peu plus tôt que ses 34 collègues et lui n'auraient pas le droit de voter selon leur conscience.

«Ça c'est une erreur, a-t-il dit. J'ai été très clair que les ministres, évidemment, vont toujours voter ensemble, pas de question en ce qui a trait au cabinet. Cependant, les députés, y compris les secrétaires parlementaires, sont libres de voter selon leur choix pour le projet de loi C-14.»

Si les propos du secrétaire parlementaire Randy Boissonnault s'étaient avérés, au moins 66 élus libéraux sur un total de 184 auraient été «whippés» au lieu des 31 membres du cabinet, ce qui aurait représenté plus du tiers de la députation du Parti libéral.

Le Parti conservateur, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois ont chacun annoncé qu'ils permettraient à tous leurs représentants de voter comme ils le souhaitent sur le projet de loi présenté en réponse à une décision rendue par la Cour suprême du Canada en février 2015.

Certains des députés des trois formations politiques ont commencé à s'exprimer sur la question, mercredi, dans les couloirs du parlement, à l'aube du premier débat parlementaire sur l'aide médicale à mourir.

«Je peux vous dire que moi, je vais voter en faveur de la loi, même si je connais les écueils», a affirmé le chef néo-démocrate Thomas Mulcair, signalant que certains des membres de son caucus pourraient bien enregistrer un vote en défaveur de C-14.

«Je ne serais pas étonné, et je serais totalement en faveur de leur droit de s'exprimer. C'est vital, c'est vraiment essentiel; c'est une question de morale et d'éthique personnelles», a-t-il plaidé en point de presse dans le foyer des Communes.

Quelques conservateurs ont déjà signalé qu'ils avaient l'intention de voter contre le projet de loi C-14, que le gouvernement libéral espère faire adopter d'ici la date butoir du 6 juin.

C'est le cas de Tom Lukiwski, de la Saskatchewan. «À l'heure actuelle, je penche fortement vers un vote en défaveur du projet de loi, car personnellement, je crois au caractère sacré de la vie», a-t-il dit avant la réunion de son caucus.

Son collègue Blake Richards, de l'Alberta, dit de son côté avoir besoin de davantage de temps avant de se prononcer. Il a cependant laissé entendre qu'il envisageait se prononcer contre, faisant remarquer qu'il avait toujours voté du côté des pro-vie au parlement.

Le député québécois et candidat à la direction du Parti conservateur, Maxime Bernier, n'est pas non plus prêt à annoncer sa position.

«Ma décision n'est pas encore prise. Je termine mes consultations actuellement, puis vous allez le savoir en temps et lieu», a-t-il déclaré lors d'une brève mêlée de presse dans la rotonde du parlement.

Sous le couvert de l'anonymat, deux députés libéraux ont cité leur foi religieuse comme motif qui pourrait les empêcher de voter en faveur du projet de loi.

La religion ne sera pas un facteur qui entrera en ligne de compte pour le député libéral de confession juive Anthony Housefather, président du comité parlementaire qui se penchera sur le controversé projet de loi libéral.

«Ultimement, moi, je suis ici comme parlementaire, et ma religion n'a rien à faire avec mon rôle parlementaire», a-t-il tranché en mêlée de presse.

Le premier ministre Justin Trudeau a semblé avoir bon espoir que la mesure législative puisse rallier une majorité de députés.

«Je suis confiant que les réflexions sur cet enjeu, qui vont être importantes et personnelles dans beaucoup de cas, vont nous amener à une place où les gens reconnaissent que la question n'était pas si on devait légaliser l'aide à mourir, mais comment on allait faire», a-t-il exposé.

«Le pas qu'on a fait, c'est un premier pas responsable, et on regardera bien les prochaines étapes par la suite», a poursuivi M. Trudeau.

Le débat sur le projet de loi déposé la semaine dernière par la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, devait s'amorcer mercredi, mais il a été repoussé à vendredi.