L'ancien «dragon» de la télévision anglaise Kevin O'Leary, qui songe sérieusement à diriger le Parti conservateur du Canada, propose la tenue d'un référendum national sur la construction de nouveaux oléoducs au pays, pour en finir avec les chicanes de politiciens.

Dans le cadre d'une conférence de la droite canadienne, vendredi à Ottawa, M. O'Leary a soutenu que ces projets d'oléoducs ne devraient pas être laissés au jeu de la «politicaillerie». Selon l'homme d'affaires, on devrait plutôt demander aux Canadiens ce qu'ils en pensent: s'ils disent oui dans une proportion de 51 pour cent et plus, aucun politicien n'aura l'autorité morale de l'ignorer, croit-il.

Et selon lui, on devrait tenir davantage de telles consultations au Canada, un pays paralysé par la chamaillerie politique.

Se disant «non aligné politiquement», M. O'Leary promet d'être beaucoup plus présent dans la sphère publique, afin de dénoncer les politiques budgétaires des divers ordres de gouvernements qui gaspillent sans vergogne l'argent des contribuables, selon lui. Il avait d'ailleurs accepté l'invitation de prononcer une allocution à la conférence annuelle du Centre Manning, un organisme fondé en 2005 par l'ancien chef réformiste Preston Manning pour alimenter les idées conservatrices et libertariennes - le désengagement de l'État dans la vie quotidienne des citoyens.

«Le Parti conservateur doit absolument rompre avec son passé - c'est complètement dépassé, l'étiquette politique, les gens n'en ont rien à cirer: ce qu'ils veulent, ce sont des solutions!», estimait plus tôt vendredi, en entrevue, le riche dirigeant d'entreprises, avec son franc-parler habituel. «Et ce sera encore plus vrai dans neuf mois, dix mois, trois ans: il y aura énormément d'électeurs en furie.»

L'homme d'affaires s'est fait connaître du grand public pour son rôle de «capitaliste sans âme» dans la version anglaise des Dragons (au Canada puis aux États-Unis). Il avait aussi été commentateur économique et coanimateur à l'émission The Lang & O'Leary Exchange, à CBC NewsWorld.

En entrevue, Kevin O'Leary précise qu'il est trop tôt pour annoncer sa candidature afin de remplacer Stephen Harper, qui a quitté au soir même des élections générales, le 19 octobre. Certains le voient déjà relancer le parti, même s'il n'est pas bilingue - ce qui n'est pas très grave, selon lui. «Je crois que la langue qui sera importante lors des prochaines élections, ce sera l'économie et les empois, dit-il. C'est ce qui intéressera les Québécois.»

Il attribue la récente défaite des conservateurs non pas à leurs politiques budgétaires mais à leurs politiques sociales - notamment toute cette affaire du niqab. «Ça les a coulés, et c'est tout ce qu'ils méritaient. C'était tellement peu canadien, tout ça.» Selon lui, l'avenir est aux mouvements populistes, où le citoyen peut porter directement ses demandes aux politiciens, sans égard aux étiquettes ou aux bannières. Il croit que le Parti conservateur devrait oublier pour l'instant les politiques sociales et se concentrer uniquement sur les politiques budgétaires, jusqu'à ce que l'économie canadienne prenne du mieux.

D'autres candidats pressentis à la direction du Parti conservateur du Canada ont été invités à présenter leur vision de l'avenir dans le cadre de la conférence annuelle du Centre Manning: les députés Maxime Bernier, Lisa Raitt, Michael Chong et Tony Clement.