L'ancien premier ministre Paul Martin salue la volonté du gouvernement Trudeau de vouloir établir une nouvelle ère de collaboration entre Ottawa et les peuples autochtones.

Pendant trop longtemps, a-t-il affirmé dans une entrevue accordée à La Presse, mercredi, le gouvernement fédéral a fait peu de cas de la situation inacceptable dans laquelle se retrouvent plusieurs communautés autochtones, notamment l'accès à l'eau potable, à des logements salubres et à des services adéquats dans le domaine de l'éducation.

Après seulement quelques semaines au pouvoir, le gouvernement Trudeau a démontré que l'amélioration des conditions de vie des peuples autochtones figure en tête de liste de ses priorités, selon M. Martin.

Encore mercredi, M. Trudeau a indiqué qu'il compte exhorter le pape François de présenter des excuses officielles aux Premières nations pour les sévices qui ont été infligés par des membres de l'Église catholique aux enfants qui ont été envoyés dans les pensionnats autochtones. Il s'agit d'ailleurs de l'une des 94 recommandations formulées par la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

«C'est formidable», a indiqué Paul Martin, qui multiplie les initiatives et les efforts depuis son départ de la politique fédérale pour améliorer le sort des communautés autochtones.

En effet, M. Martin a mis sur pied une fondation qui finance diverses mesures pour améliorer la qualité des services d'éducation offerts aux peuples autochtones.

«Le gouvernement fédéral est responsable de l'éducation des jeunes autochtones. Mais à Ottawa, il n'y a pas de ministère de l'Éducation. Il faut donc trouver des moyens de combler cet espèce de vide», a-t-il dit.

Au lendemain de la publication du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, M. Martin a tenu à souligner l'importance d'investir dans l'éducation des jeunes autochtones sur les réserves, d'autant plus que la population autochtone est la plus jeune et est celle qui connaît la plus forte croissance au pays.

Ainsi, il a indiqué que l'Initiative d'Éducation Autochtone Martin (IEAM), de concert avec un comité d'experts des Premières nations, a décidé de mettre sur pied un projet-pilote pour offrir une formation pour les directeurs d'écoles des Premières nations.

Ce projet-pilote, qui a commencé en septembre et qui doit prendre fin en juin 2016, permet aux directeurs des écoles de suivre une formation en personne ou par l'entremise de l'internet qui comprend des stratégies d'enseignement, des devoirs, des lectures, des ressources et des études de cas, entre autres choses. Tout cela pour aider les directeurs à favoriser le respect de normes élevées en matière d'enseignement et d'apprentissage. Le programme, qui pourrait devenir permanent à partir de l'an prochain, comprend 200 heures échelonnées sur 10 mois. La formation compte 10 modules et plus de 30 heures de pratique.

Trop souvent, les directeurs d'écoles doivent cumuler plusieurs tâches et se sentent isolés en ce qu'ils ne peuvent compter sur le soutien d'une commission scolaire par exemple. Entre autres choses, ils doivent élaborer le curriculum scolaire quotidien, superviser les enseignants, évaluer les élèves, communiquer avec les parents et avec les chefs et conseils de bande, entre autres choses.

«Le cours pour directeur démontre que l'éducation des Premières nations doit être renforcée là où l'impact est le plus fort, soit à l'intérieur des écoles», a affirmé M. Martin, soulignant que des écoles plus «fortes» permettront d'améliorer la réussite scolaire chez les Premières nations.

Rappelons que lorsqu'il était premier ministre, M. Martin, les premiers ministres des provinces et les chefs autochtones avaient conclu en novembre 2005 un accord important à Kelowna, qui prévoyait un investissement de cinq milliards de dollars sur cinq ans pour améliorer la qualité de vie des Premières Nations, mais aussi des peuples Métis et Inuits. Cet accord avait été rejeté par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.