La présidente du conseil d'administration de Postes Canada tient tête au premier ministre Justin Trudeau et lui demande « de retirer » la demande de démission présentée au président-directeur général de la société d'État, Deepak Chopra.

M. Chopra fait partie d'une longue liste de 49 nominations que le gouvernement Harper a faites au sein de l'appareil fédéral peu avant le déclenchement des élections. Dans le cas de M. Chopra, il s'agissait du renouvellement de son mandat cinq jours avant le début de la campagne.

Le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Dominic LeBlanc, a envoyé une lettre en début de semaine à 33 des personnes visées par ces nominations pour leur demander, au nom du premier ministre Trudeau, de choisir volontairement de ne pas exercer le mandat qui leur a ainsi été confié. 

La présidente du conseil d'administration de Postes Canada, Siân Matthews, a refusé cette demande dans une lettre envoyée à M. LeBlanc jeudi. 

« Nous vous demandons respectueusement de retirer la lettre du 7 décembre 2015, a écrit Mme Matthews. Les dirigeants responsables qui, comme M. Chopra, se dévouent à la fonction publique dans ce magnifique pays devraient être célébrés et non discrédités. »

La lettre explique que le PDG a été nommé à Postes Canada le 1er février 2011, au terme d'un « processus de sélection rigoureux » géré par le Bureau du Conseil privé et qui incluait « une recherche à l'échelle internationale menée par une importante agence de recrutement de cadres ».

« La gouvernance responsable d'une société ayant des revenus de près de huit milliards de dollars et l'un des effectifs les plus imposants au Canada, soit 65 000 personnes, exige que l'on assure sa stabilité et que l'on planifie convenablement la succession de ses cadres dirigeants », a écrit Mme Matthews. 

Tout comme Deepak Chopra, la présidente du conseil d'administration a été nommée par le gouvernement Harper. Avocate, elle se spécialise dans le domaine du droit fiscal et a été chargée de cours à l'Université de Calgary. Deepak Chopra était auparavant PDG de la multinationale Pitney Bowes pour le Canada et l'Amérique latine. Il a présidé à la transition suspendue de la livraison du courrier dans des boîtes postales plutôt qu'à domicile par Postes Canada. 

Le gouvernement libéral estime que les nominations faites à la dernière minute sont un abus des procédures par les troupes de Stephen Harper. Dominic LeBlanc a promis de mettre sur pied un processus ouvert et basé sur le mérite, dans lequel les personnes nommées par les conservateurs seront libres de soumettre leurs candidatures. 

Dans sa lettre, M. LeBlanc a donné aux personnes visées jusqu'au 18 décembre pour donner une réponse, soit jusqu'à vendredi de la semaine prochaine. La plupart de ces 33 personnes sont celles qui ont été nommées après que le Parlement ait fini de siéger en juin, donc qui n'ont pas pu être soumises à un examen parlementaire. Elles incluent le directeur du Musée de l'Histoire du Canada, Mark O'Neil, ainsi que quatre membres de l'Office national de l'énergie. 

Près de la moitié des 49 nominations ont été faites à titre inamovible, c'est-à-dire qu'elles ne peuvent être révoquées qu'en cas de mauvaise conduite du détenteur de cette fonction publique. Le reste est au bon vouloir du gouvernement. 

Le gouvernement Trudeau n'avait pas réagi à cette réponse de Postes Canada au moment d'écrire ces lignes. 

- Avec Joël-Denis Bellavance