L'intention du gouvernement libéral de répartir l'accueil des 25 000 réfugiés syriens sur trois mois représente un bon compromis, estime le directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), soulignant que le programme libéral a attiré l'attention du monde entier.

Il n'y avait aucun doute que le Parti libéral donnerait suite à sa promesse électorale d'accueillir de nombreux réfugiés, selon William Swing, qui a accordé une entrevue à La Presse Canadienne. Mais il aurait été très difficile de les recevoir tous avant la fin de l'année pour des raisons logistiques.

«Alors que nous travaillions à travers cela, avec nos homologues canadiens à Beyrouth, Amman et Ankara et ici à Ottawa, nous avons conclu qu'il serait physiquement impossible d'en amener 25 000 d'ici la fin de l'année», a-t-il expliqué.

C'est ainsi qu'ils en sont venus à un «compromis». «Cela nous donne, je crois, un peu plus de marge de manoeuvre», a-t-il soutenu.

Les Nations unies ont enregistré plus de 4,28 millions de réfugiés syriens et elles ont demandé aux pays d'en accueillir au moins 130 000 d'ici la fin de l'année. Ce chiffre ne tient pas compte des millions d'autres qui sont déjà dans des camps et autres abris temporaires ou qui ont déjà pris la mer à bord de dangereux bateaux pour se réfugier en Europe.

Le plan des libéraux répond à ce besoin, selon M. Swing, qui n'a pas voulu faire de lien avec l'échéance choisie par le gouvernement. «C'est un jugement, un jugement politique que le gouvernement doit faire», a-t-il fait remarquer.

«C'est urgent dans le sens que cela envoie un message positif aux autres (pays), que si le Canada peut le faire, peut-être qu'ils devraient déployer des actions en ce sens», a-t-il ajouté.

Pour le programme syrien, l'OIM assiste les opérations du Canada dans les centres en Jordanie, au Liban et en Turquie, qui gèrent quotidiennement des centaines de cas - environ 700 au Liban et la moitié de ce nombre en Turquie, selon M. Swing - afin d'accueillir 10 000 personnes d'ici la fin de l'année. Les 15 000 restants seront répartis jusqu'à la fin du mois de février.

«Nous sommes plutôt optimistes là-dessus, et nous sommes très positifs. Nous croyons que c'est un acte humanitaire qui témoigne de beaucoup de courage politique, de leadership, et de vision», a-t-il affirmé.

On ne sait toujours pas quand les premiers avions nolisés transportant des Syriens commenceront à affluer à Montréal et Toronto. Bien que le premier ministre Justin Trudeau ait suggéré que cela pourrait être aussi tôt que la fin de la semaine, M. Swing a plutôt évoqué la semaine prochaine.

Les deux aéroports ont ouvert leurs portes aux journalistes, mardi, pour présenter les centres d'accueil où seront les réfugiés à leur arrivée, après être passés par un processus administratif de plusieurs heures.

William Swing était à Ottawa mardi pour participer à des rencontres qui étaient prévues depuis des mois avec le gouvernement du Canada.

L'agence est responsable de faciliter le mouvement de millions de migrants, dont des réfugiés, depuis 60 ans et le Canada est l'un de ses partenaires les plus importants.

M. Swing a noté que la situation actuelle quant au mouvement des populations est en soi, inédite, puisque plusieurs conflits perdurent en même temps. Et ces violences surviennent alors que les sentiments anti-immigrants se manifestent dans plusieurs pays.

«Nous devons changer notre (façon de parler) de la migration, qui, actuellement, est toxique. Nous devons ramener une lecture plus juste de l'histoire des migrations. Nos pays ont été construits sur le dos des migrants et de leurs talents», a expliqué M. Swing, qui est Américain.