Pour la première fois en près de cent ans, un nouveau venu en politique tiendra les cordons de la bourse du gouvernement du Canada au ministère des Finances, une position sous pression et aux responsabilités titanesques.

L'homme d'affaires multimillionnaire de Toronto Bill Morneau devient le nouveau ministre des Finances à un moment critique, alors que l'économie canadienne peine à se relever de la chute des prix du pétrole et des autres ressources.

M. Morneau, l'un des membres clés du cabinet du premier ministre Justin Trudeau, qui a été assermenté mercredi, est la première recrue en politique à prendre les rênes du ministère des Finances depuis 1919. Mais il amène avec lui une grande expérience dans le domaine des affaires.

Jusqu'à tout récemment, il était président exécutif de Morneau Shepell, la plus grande firme de consultants en ressources humaines au pays.

Il a démissionné de son poste une semaine après les élections du 19 octobre, mais les parts qu'il détient toujours dans sa compagnie devraient faire l'objet d'un examen maintenant qu'il est ministre des Finances. M. Morneau possède toujours une participation de près de cinq pour cent dans l'entreprise, qui est le plus grand administrateur de régimes de pensions au Canada.

L'amélioration du régime de pensions est d'ailleurs l'une des promesses économiques que devra honorer le nouveau gouvernement Trudeau.

Vaste programme

M. Morneau - qui fait partie du groupe de conseillers économiques du premier ministre - aura plusieurs dossiers pressants sur son bureau. D'abord, il devra présenter une mise à jour économique et, par la suite, un budget. Ces documents devront prendre en compte les prédictions de croissance qui ont été revues à la baisse depuis la publication des dernières projections par l'ancien gouvernement conservateur.

Les libéraux s'étaient également engagés à remplacer le système de fractionnement du revenu des conservateurs et l'augmentation de la cotisation maximale pour le compte d'épargne libre d'impôt (CELI).

La liste de promesses du Parti libéral semblerait imposante même pour un vétéran de la politique.

William Robson, président de l'Institut C.D. Howe - un groupe de réflexion que M. Morneau a déjà lui-même présidé - s'attendait à ce que quelqu'un de plus expérimenté en politique soit nommé au ministère des Finances. Il a toutefois souligné la grande expérience de son ancien collègue dans le domaine des affaires, ce qui fait de lui un bon choix, selon M. Robson.

«Je ne m'attendais pas à cela. On en parlait beaucoup, mais si j'avais parié, je ne sais pas si j'aurais gagné quelque chose», a-t-il illustré.

Le plus grand défi de M. Morneau, selon lui, sera de contrôler l'ampleur des déficits. Il aura certainement à dire «non» à plusieurs groupes et aux provinces pour y arriver, a prédit M. Robson.