Courtisé depuis quelques mois par les troupes de Thomas Mulcair, le journaliste Martin Leclerc fera le saut en politique fédérale en briguant les suffrages pour le NPD dans la circonscription de Montcalm aux élections du 19 octobre.

Les stratèges du NDP se félicitent d'avoir réussi à recruter M. Leclerc, actuellement chroniqueur et analyste de hockey à Radio-Canada Sports, d'autant plus qu'ils voient en lui un candidat-vedette capable de conserver cette circonscription de la couronne de Montréal dans le giron néo-démocrate alors que le Bloc québécois tente de se retailler une place sur l'échiquier politique avec le retour de Gilles Duceppe comme chef.

«C'est un atout de plus pour le NPD au Québec. M. Leclerc est un excellent communicateur qui saura défendre les intérêts des travailleurs et de la classe moyenne», soutient-on dans les rangs néo-démocrates.

S'il remporte la victoire, M. Leclerc ne sera pas en territoire inconnu à la Chambre des communes. Il a été correspondant parlementaire à Ottawa pour le quotidien Le Journal de Montréal de 1995 à 1998.

Confiance en Mulcair

En entrevue avec La Presse, M. Leclerc, qui est actif dans le sport amateur dans sa région et qui a pris fait et cause pour le projet communautaire Bécik jaune dans la région de Mascouche, a affirmé avoir longuement réfléchi avant de plonger. Mais il a accepté l'invitation parce qu'il dit avoir «une confiance inébranlable en Thomas Mulcair».

«Comme citoyen, j'ai toujours eu du respect pour lui parce qu'il s'est opposé au développement du mont Orford, quitte à perdre un ministère. C'est un chef qui est droit, qui a des principes et qui les défend même si cela va à l'encontre de certains sondages. Quand on regarde les chefs en lice, c'est le seul, à part Stephen Harper, qui a l'étoffe d'un premier ministre», a dit M. Leclerc.

Il a affirmé qu'il n'aurait pas fait le saut en politique s'il avait été courtisé par un autre parti. «Je partage les valeurs du NPD. La première fois que j'ai voté dans ma vie dans les années 80, j'ai voté pour Ed Broadbent. J'ai aussi été président d'un syndicat [Journal de Montréal]. Cela va de soi que je vais appuyer un parti qui défend les travailleurs et se préoccupe du sort des gens ordinaires», a-t-il dit.

En tant qu'employé de Radio-Canada, il est préoccupé au plus haut point par l'avenir de la société d'État. Mais M. Leclerc se dit aussi inquiet de la réputation du Canada depuis que les conservateurs sont au pouvoir.

«Le Canada est devenu un très mauvais citoyen sur la planète en matière de développement durable et de lutte contre les changements climatiques. Cela m'interpelle beaucoup. Thomas Mulcair, qui a déjà été ministre de l'Environnement, est sensible à cet enjeu», a-t-il dit.

La circonscription de Montcalm a basculé dans le camp du NPD au dernier scrutin, mais l'actuelle députée, Manon Perreault, a été expulsée du caucus après avoir eu des démêlés judiciaires.

Son passé dans la capitale

Certains des reportages de M. Leclerc ont fait beaucoup de bruit, durant son séjour dans la capitale fédérale. C'est lui qui avait révélé en novembre 1997 qu'un proche collaborateur de l'ancien premier ministre Lucien Bouchard, Charles Chevrette, avait communiqué l'année précédente avec le bureau du chef du Bloc québécois de l'époque, Michel Gauthier, afin de l'informer d'irrégularités relevées dans les déclarations sur les revenus du député de Chambly, Ghislain Lebel.

Mis dans l'embarras, M. Bouchard avait demandé à la Commission d'accès à l'information de faire enquête sur cette fuite de renseignements personnels au ministère du Revenu.

Dans un autre reportage, M. Leclerc avait aussi révélé que Gilles Duceppe, alors qu'il était whip du parti, avait transformé sur papier, en janvier 1996, des départs de huit collaborateurs du Bloc québécois en congédiements. Cette manoeuvre, qui avait provoqué l'indignation de certains députés, avait permis à ces collaborateurs de toucher immédiatement une indemnité de départ variant de 15 000$ à 25 000$ avant de poursuivre leur carrière au sein du gouvernement de Lucien Bouchard.