La CSN vient d'adopter son plan pour battre le gouvernement Harper lors des élections fédérales du 19 octobre prochain. Le plan a ainsi franchi toutes les étapes avant son déploiement.

La FTQ avait aussi lancé une initiative en ce sens, soulevant l'ire du lieutenant de Stephen Harper au Québec, Denis Lebel, qui avait déposé une plainte à cet effet auprès du Commissaire aux élections fédérales.

Que Gilles Duceppe, un ancien de la CSN, soit maintenant revenu à la tête du Bloc québécois ne change guère les choses pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN).

«Pour la CSN, l'important, c'est qu'aux prochaines élections fédérales, le 19 octobre, dans chaque circonscription électorale, on élise la candidate ou le candidat qui a une chance d'empêcher l'élection d'un conservateur. On ne peut pas les laisser reprendre le pouvoir, parce que c'est nous qui allons payer le prix après et c'est ce qui reste de l'État social canadien qui va être démantelé», a plaidé Jean Lortie, secrétaire général de la CSN, jeudi au cours d'une entrevue.

Le plan de la CSN avait d'abord été soumis à un groupe restreint, en avril dernier, avant d'être adopté par le conseil confédéral de la centrale. Cette instance est la plus importante entre les congrès et regroupe quelque 200 délégués.

Le plan d'action prévoit notamment que la CSN concentrera ses efforts dans les régions où elle pense pouvoir faire battre les conservateurs de Stephen Harper, soit le Coeur du Québec, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la région de Québec.

La CSN, en vertu de ses statuts, ne peut pas appuyer nommément un parti politique. Elle peut toutefois faire de l'action politique.

La CSN critique le gouvernement Harper pour avoir réduit l'accessibilité au régime d'assurance-emploi, pour avoir adopté des projets de loi jugés antisyndicaux, pour avoir imposé des compressions budgétaires à Radio-Canada - dont elle représente des syndiqués. Elle lui reproche aussi ses positions trop favorables aux sables bitumineux et ses choix économiques qui ont nui à l'industrie manufacturière au Québec. La CSN représente également les agents des Services correctionnels, qui ont le gouvernement Harper comme employeur.

Et la FTQ

À la FTQ, le secrétaire général Serge Cadieux précise que le plan d'action contre le gouvernement Harper est déjà déployé.

«On a déjà commencé à travailler dans les circonscriptions. On a déjà formé des formateurs. On a commencé à former des militants pour faire du porte-à-porte. On a même fait une pratique dans la circonscription où va se présenter Gérard Deltell à Québec (celle de Louis-Saint-Laurent) où on a une centaine de militants qui sont allés frapper à plusieurs portes de la circonscription électorale, un week-end», a relaté M. Cadieux.

La FTQ souhaite concentrer ses efforts dans «un maximum de dix» circonscriptions. «Ce sont des circonscriptions où les conservateurs, potentiellement, pourraient avoir des chances. Donc, partout où ils peuvent avoir des chances, on va être là», a prévenu le secrétaire général de la plus importante centrale syndicale du Québec (plus de 600 000 membres).

Pour la FTQ non plus, l'arrivée à la tête du Bloc québécois de Gilles Duceppe ne change pas vraiment la donne. La FTQ, contrairement à la CSN, peut prendre position en faveur d'un parti politique, mais elle ne le fera pas cette fois-ci.

«Non, ça ne change rien. On n'appuie aucun parti politique. On va appuyer le candidat qui a le plus de chances de battre le candidat conservateur. Dans une circonscription en particulier, prenons l'exemple de celle de (Denis) Lebel, si le candidat qui a le plus de chances de le battre, c'est un candidat du Bloc québécois, on va appuyer le candidat du Bloc québécois. Si c'est un candidat du NPD, on va appuyer le candidat du NPD», a résumé M. Cadieux.

Tant la CSN que la FTQ ont l'intention de respecter la loi électorale, donc de déployer l'essentiel de leur plan avant que la campagne électorale ne débute formellement. Après le déclenchement de la campagne, les dépenses en faveur ou contre un candidat doivent être comptabilisées dans un camp.

Le ministre Lebel a réagi aux plans des syndicats en faisant valoir, dans une déclaration écrite, qu'ils ne devraient pas s'engager dans la politique partisane.

«Notre gouvernement reconnait que les syndicats ont joué un rôle dans le développement économique du Québec, écrit-il. Or, leur rôle est de défendre les travailleurs et leurs conditions de travail, pas de mener des campagnes politiques partisanes et de faire de la désinformation en détournant l'argent des travailleurs. Si les dirigeants des grands syndicats désirent faire de la politique, qu'ils mettent leur nom sur un bulletin de vote, leur visage sur un poteau et qu'ils tentent de se faire élire par la population.»