Le gouvernement Harper envisage de joindre le corps de déploiement rapide de l'OTAN, mais cela pourrait signifier le rejet de l'offre d'un allié traditionnel, le Royaume-Uni, qui courtise le Canada pour faire partie de sa propre unité.

Le ministre fédéral de la Défense, Jason Kenney, a reconnu que le gouvernement discutait de la pertinence de se joindre à la force de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) destinée à se déployer rapidement en situation de crise.

M. Kenney a évoqué cette possibilité en réponse aux gestes d'agression russes en Europe de l'Est. Mais une série de documents obtenus par La Presse Canadienne grâce à la Loi sur l'accès à l'information montrent que le projet faisait l'objet de discussions depuis au moins deux ans, avant que la crise n'éclate en Ukraine.

La volonté de se porter volontaire pour le corps de déploiement rapide de l'OTAN - devant compter 30 000 militaires - ou pour une plus petite force d'intervention très rapide a donné l'impression à certains analystes d'un positionnement en vue des élections fédérales de l'automne.

Dave Perry, de l'Institut canadien des Affaires étrangères et de la Défense, a souligné qu'une proposition du Royaume-Uni de créer un corps expéditionnaire conjoint, de son acronyme anglais JEF, hors de l'OTAN, cadrait davantage dans le style et l'attitude du gouvernement Harper envers les relations internationales.

Bien qu'ils ne soient pas surpris que le gouvernement envisage l'avenue d'une implication dans la force de l'OTAN, des analystes affirment que - mis à part l'aide à la constitution de bureaux de l'Alliance atlantique en Pologne - le déploiement de soldats à la force d'intervention rotative pourrait ne pas se faire avant quelques années.

Steve Saideman, un professeur en relations internationales à l'Université Carleton, a dit croire que cela pourrait ne pas survenir avant 2017, étant donné que d'autres pays se sont déjà manifestés pour occuper un rôle à leur tour, et que le Canada tarde à prendre une décision.

Selon M. Saideman, le plan militaire post-2014 - rédigé avant l'intervention contre l'État islamique et la crise en Ukraine - était centré sur l'OTAN. «L'élément numéro un était de poursuivre l'engagement envers les États-Unis et l'OTAN», a-t-il souligné.

Étant donné la petite taille de l'armée canadienne, M. Perry estime peu probable que le gouvernement Harper dépêche des soldats tant pour le corps de l'OTAN que pour l'entité proposée par le Royaume-Uni.