Le ministre de la Défense s'est excusé mercredi d'avoir propagé de fausses informations sur les capacités des avions de chasse canadiens qui prennent part à la mission contre le groupe armé État islamique (ÉI).

La semaine dernière, alors qu'il défendait la justesse d'une intervention en Syrie, Jason Kenney déclarait qu'au sein de la coalition qui bombarde au pays de Bachar el-Assad, seuls les avions de chasse du Canada et des États-Unis utilisent des munitions à guidage de précision.

Or, cette affirmation était fausse. La correction est d'abord venue du chef d'état-major de l'armée canadienne, Tom Lawson, à qui M. Kenney a continué d'imputer la faute lorsqu'il s'est levé en Chambre pour présenter des excuses officielles.

«Mais à titre de ministre de la Défense, évidemment, je suis responsable de toute l'information fournie par mon ministère, alors je regrette que cette information inexacte ait été relayée dans la sphère publique», a-t-il déclaré.

Invité à dire s'il était satisfait de cet acte de contrition, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, s'est contenté de déclarer dans un courriel que «les Canadiens méritent un ministre de la Défense capable de faire la différence entre les faits et la fiction».

Le porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, Marc Garneau, s'est pour sa part dit satisfait des excuses offertes présentées devant la Chambre des communes.

Il a par contre tenu à souligner que ce n'était pas la première fois que M. Kenney se retrouvait dans l'eau chaude depuis sa nomination à la Défense et que sa crédibilité ne s'en trouvait donc que plus entachée.

L'élu conservateur a notamment été accusé de faire de la propagande en publiant sur Twitter des photos de femmes enchaînées qu'il a erronément associées au groupe ÉI et utilisées pour mousser l'intervention militaire du Canada - ce qu'il a dit ne toujours pas regretter, mercredi.

Les chefs de l'opposition avaient aussi rappelé quelques heures auparavant, en point de presse, que Jason Kenney n'en était pas à sa première bourde.

Tour à tour, le chef néo-démocrate Thomas Mulcair et son homologue libéral Justin Trudeau ont en effet attaqué sans ménagement celui qui occupe une fonction névralgique alors que le Canada est en guerre contre l'ÉI.

Le ministre Kenney, qui a «toujours eu une relation trouble avec la vérité», devrait prendre garde de ne pas trop forcer la note, a prévenu M. Mulcair.

«Il joue à un jeu très dangereux», a-t-il résumé.

Justin Trudeau ne s'est pas non plus privé de passer à l'offensive, suggérant que M. Kenney n'avait pas la «maturité» nécessaire pour occuper le poste de ministre de la Défense.

Il l'a accusé d'être incapable de concilier les responsabilités inhérentes à ce poste important et celles de «meneur de claque en chef» du premier ministre Stephen Harper et du Parti conservateur.

Les accusations d'immaturité formulées par le chef libéral ont rapidement été tournées en dérision par Jason Kenney.

«Je crois que c'est M. Trudeau qui n'a aucune crédibilité en tant que leader de parti qui fait des blagues ridicules sur la question de la force militaire», a-t-il affirmé en mêlée de presse.

Il faisait référence à une remarque lancée en octobre par Justin Trudeau, qui avait accusé les conservateurs de préférer sortir leurs CF-18 pour «montrer à quel point ils sont gros» au lieu d'accorder la priorité à l'aide humanitaire dans la lutte contre l'ÉI.