Après avoir coupé court aux débats à la Chambre des communes, le gouvernement Harper s'apprête à récidiver en limitant à trois jours l'étude du projet de loi antiterroriste par un comité parlementaire.

La rapidité avec laquelle le gouvernement conservateur tente de faire adopter ce projet de loi, qui accorderait de nouveaux pouvoirs au Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS), soulève l'indignation des partis de l'opposition, en particulier le NPD.

La députée néo- démocrate Rosane Doré Lefebvre a indiqué que son parti souhaite faire entendre une soixantaine de témoins, dont les quatre anciens premiers ministres et les anciens juges de la Cour suprême du Canada qui ont signé une lettre dans laquelle ils réclamaient de meilleurs mécanismes de surveillance du SCRS.

Le NPD voudrait aussi entendre les experts dans le domaine de la protection de la vie privée ainsi que les représentants des Premières Nations, entre autres. Entendre tous ces témoins, et ceux que souhaitent inviter les autres partis, nécessiterait au moins une cinquantaine d'heures d'audience.

«On sait que le projet de loi C-51 dans sa forme actuelle est mal ficelé. Le gouvernement, avec la complicité des libéraux, joue avec ce qu'on a de plus précieux: nos droits et notre sécurité. Or, après avoir fait adopter le projet de loi à toute vapeur en deuxième lecture, voilà que le gouvernement voudrait qu'on adopte le projet de loi C-51 les yeux fermés en comité», a tonné Mme Doré Lefebvre.

Elle a invité le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, à s'assurer que les Canadiens qui le souhaitent puissent être entendus, notamment les anciens premiers ministres et ex-juges de la Cour suprême «qui prônent la prudence».

Première journée pour Blaney

Mais derrière les portes closes, en matinée, les députés conservateurs qui siègent au comité de la sécurité publique de la Chambre des communes ont fait savoir qu'ils envisagent seulement trois jours d'audience. Et la première journée verrait le ministre Steven Blaney défiler devant le comité en compagnie de ses hauts fonctionnaires. Le comité doit se réunir de nouveau pour déterminer la liste des témoins.

Aux Communes, hier, le premier ministre Stephen Harper a lui-même invité le comité parlementaire à faire preuve de célérité.

«Ce projet de loi est fortement appuyé par la population canadienne. [...] Le projet de loi est maintenant devant le comité et j'encourage celui-ci à l'étudier aussi vite que possible pour assurer l'adoption de ces mesures afin d'augmenter la sécurité des Canadiens et des Canadiennes», a-t-il affirmé, balayant d'un revers de la main les inquiétudes du NPD quant à l'étendue des pouvoirs qui seront accordés au SCRS.