Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, est catégorique: jamais il ne nommera un seul sénateur s'il est élu premier ministre aux élections fédérales d'octobre 2015, bien qu'il pourrait y avoir une vingtaine de sièges vacants à la Chambre haute d'ici là.

La seule option qui serait sur la table, advenant une victoire du NPD aux prochaines élections, serait de forger un consensus au sein des provinces pour abolir cette institution qu'il a déjà qualifiée d'«archaïque».

«Le Sénat, c'est comme du raisin qu'on laisse sécher sur la vigne. Ce n'est plus bon après. On va laisser cela sécher, ce sera fini et il n'y en aura plus», a affirmé Thomas Mulcair dans une entrevue accordée à La Presse pour marquer la fin de la dernière session parlementaire.

Récemment, le premier ministre Stephen Harper a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de nommer de nouveaux sénateurs à la Chambre haute tant et aussi longtemps que cela ne ralentirait pas l'adoption des projets de loi de son gouvernement.

À l'heure actuelle, le Sénat compte 53 conservateurs, 30 libéraux et 6 indépendants; 16 sièges sont vacants. D'ici aux élections d'octobre 2015, 4 autres sénateurs tireront leur révérence, soit 3 conservateurs et 1 indépendant, le sénateur québécois Jean-Claude Rivest.

Résultat: le Parti conservateur pourrait perdre rapidement la majorité qu'il détient au Sénat si les troupes de Stephen Harper mordent la poussière aux prochaines élections.

Dans l'éventualité où le Parti libéral de Justin Trudeau prendrait le pouvoir, par exemple, il pourrait nommer une vingtaine de sénateurs d'allégeance libérale et reprendre du coup le contrôle du Sénat et mettre fin à la majorité conservatrice obtenue au fil des ans.

Une source conservatrice qui a requis l'anonymat a indiqué à La Presse qu'il est peu probable que M. Harper nomme de nouveaux sénateurs en 2015, une année électorale au cours de laquelle les conservateurs devront de nouveau essuyer les tirs nourris du NPD sur le scandale des dépenses au Sénat. Car le procès du sénateur Mike Duffy, accusé de fraude, doit commencer en avril. Mais auparavant, le vérificateur général doit déposer son rapport d'enquête sur les dépenses de tous les sénateurs entre avril 2011 et mars 2013. Selon nos informations, une demi-douzaine de sénateurs pourraient être blâmés par le vérificateur général pour avoir refilé des factures douteuses aux contribuables.

Pour illustrer sa ferme volonté de ne nommer aucun sénateur, M. Mulcair a déclaré à La Presse: «Prenez votre stylo et écrivez: "M. Mulcair est catégorique. Le NPD ne nommera jamais de sénateurs, point à la ligne. M. Mulcair est déterminé à travailler avec l'ensemble des provinces à l'abolition du Sénat. Il n'a pas changé d'idée."»

Un gouvernement néo-démocrate courrait le risque de voir ses initiatives bloquées par un Sénat qui demeurerait sous l'emprise d'une majorité de sénateurs conservateurs. Cette perspective n'effraie pas Thomas Mulcair.

«Make my day! s'est-il exclamé du tac au tac en anglais. Vas-y fort. Des gnomes de jardin, des non-élus vont commencer à se lever pour bloquer des projets de loi d'un gouvernement élu par le peuple canadien? «Vas-y fort, mon Gérard!» pour citer Laflaque. Je sais ce que je vais faire», a-t-il dit, laissant entendre qu'une telle impasse aurait pour effet d'intensifier ses efforts pour abolir le Sénat.